Thierno Alassane Sall fustige le pouvoir : « Le délit d’offense au chef de l’État trahit la promesse de rupture »
SENTV : Le président du parti République des Valeurs (RV), Thierno Alassane Sall, a vivement critiqué le maintien et l’usage du délit d’offense au chef de l’État, à travers un communiqué au ton incisif, publié ce lundi. L’ancien ministre de l’Énergie, désormais dans l’opposition, dénonce ce qu’il qualifie de recul démocratique, pointant du doigt ce qu’il considère comme une série de contradictions du pouvoir en place, incarné par le parti PASTEF.
Une rupture démocratique promise, mais non tenue
Pour Thierno Alassane Sall, l’actuel régime, issu de l’élection de Bassirou Diomaye Faye en mars 2024, ne respecte pas ses engagements initiaux en matière de libertés publiques. Alors que la coalition présidentielle avait promis, dans son programme de campagne, de supprimer le délit d’offense au chef de l’État, la réalité judiciaire semble tout autre.
« En un an, la DIC, la division de la cybercriminalité et les procureurs aux ordres ont convoqué et jeté en prison un nombre record de citoyens pour des propos soi-disant offensants », écrit-il.
L’ex-ministre ne mâche pas ses mots : il accuse le régime de traquer les voix dissidentes, pendant que les problèmes de fond, comme l’insécurité ou la cherté de la vie, persistent sans réponse structurelle.
Des critiques acerbes contre PASTEF
Thierno Alassane Sall pousse plus loin sa charge en pointant ce qu’il considère comme un double discours du parti au pouvoir. Selon lui, PASTEF, désormais majoritaire à l’Assemblée nationale, serait passé maître dans l’usage de l’intimidation, tout en prônant la liberté d’expression pour ses propres soutiens.
« Venant d’un groupe qui a fait de l’insulte, de la calomnie et de l’intimidation des armes politiques, cela frise le ridicule », déclare-t-il, en référence aux méthodes employées par certains partisans de PASTEF durant les années d’opposition.
Il revient également sur l’épisode de l’amnistie votée pour les événements de mars 2021 et juin 2023, dénonçant une instrumentalisation des libertés publiques à géométrie variable.
« Ils ont osé justifier l’amnistie de présumés criminels au nom des libertés publiques, mais ils se montrent allergiques à tout discours qui n’est pas une flatterie », fustige-t-il.
Une alerte sur les arrestations politiques
Dans le même communiqué, Thierno Alassane Sall évoque le cas de Moustapha Diakhaté, ancien chef de cabinet de Macky Sall, récemment placé sous mandat de dépôt pour des publications jugées offensantes envers le chef de l’État. Il assimile cette arrestation à une dérive autoritaire et l’inscrit dans la catégorie des détentions politiques.
« Moustapha Diakhaté rejoint le lot des prisonniers politiques d’un régime qui a oublié d’où il vient et ce pour quoi il a été élu », déplore-t-il.
Une tribune politique assumée
La sortie de Thierno Alassane Sall intervient dans un contexte où les tensions politiques demeurent vives, malgré une alternance qualifiée de pacifique. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont également exprimé leurs préoccupations quant à l’utilisation du code pénal pour restreindre la liberté d’expression.
Dans un pays où le délit d’offense au chef de l’État continue de figurer dans les textes (article 254 du Code pénal), cette nouvelle vague d’arrestations relance le débat sur la cohérence des pratiques démocratiques avec les promesses de refondation politique.
La rédaction de la SENTV.info