SENTV : Alors que Touba fait face à de nouvelles inondations paralysant quartiers entiers et fragilisant les infrastructures urbaines, une voix singulière s’élève pour dénoncer ce que beaucoup n’osent pointer du doigt : l’impact des remblais anarchiques sur le drainage naturel de la ville. L’imam Serigne Ahmadou Rafahi Mbacké, fils du deuxième Khalife général des Mourides, Serigne Fallou Mbacké, est formel : « Tant qu’on n’enlève pas les remblais, rien ne changera. »
Un appel franc, lancé sur les ondes de Ucab FM
Invité sur les ondes de la radio locale Ucab.fm dans une émission interactive, l’imam a livré une analyse sans détour de la situation. Selon lui, les inondations à Touba ne relèvent ni d’un dérèglement climatique exceptionnel ni d’une fatalité divine, mais bien d’un désordre urbanistique et d’un entêtement humain.
« Je suis allé personnellement dans une rue où le remblai faisait 2,80 mètres de haut. On dit que c’est difficile à enlever, mais c’est bien plus simple que de l’avoir mis », a-t-il lancé.
Un fléau amplifié par des constructions hasardeuses
L’imam déplore également la prolifération de constructions dont les fondations reposent sur des remblais plutôt que sur la terre ferme. Il pointe du doigt un défaut de contrôle dans l’urbanisation de la cité religieuse.
« Il y a des maisons qui ne devraient jamais être inondées. Les rues, peut-être, mais pas les habitations. Cela montre bien que nous avons ignoré les règles de base. »
Selon l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM), les cumuls enregistrés ces derniers jours à Touba ne dépassent pas 300 mm — un volume significatif, mais pas inédit. Cela vient étayer la thèse défendue par Serigne Ahmadou Rafahi : le problème est d’abord structurel.
Une mise en garde contre l’inaction
Si le discours est technique, l’intention est profondément spirituelle. En tant que guide religieux, il appelle à une prise de conscience collective, soulignant que « penser juste ne suffit plus » face à l’urgence. Il plaide pour un chantier de réaménagement urbain, impliquant à la fois les autorités locales, les ingénieurs et la population.
« Mon idée est peut-être compliquée, mais elle est nécessaire. Ce n’est pas une question de difficulté, mais de volonté. »
Un débat lancé dans la sphère publique
La sortie médiatique de Serigne Ahmadou Rafahi Mbacké a trouvé écho dans les réseaux sociaux et au sein de la communauté mouride. Des urbanistes locaux commencent à relayer l’idée que la ville s’est construite sur un modèle qui ignore les lois naturelles, et qu’un réajustement est inévitable si Touba veut éviter des catastrophes de plus grande ampleur dans les années à venir.
Vers une réforme urgente de l’urbanisme à Touba ?
À l’heure où les populations pompent l’eau avec des moyens dérisoires et que certains quartiers restent inaccessibles, l’intervention de l’imam pourrait bien marquer le début d’un tournant dans la gestion urbaine de la ville sainte. Reste à savoir si les autorités locales, souvent réticentes à de telles remises en question, seront prêtes à répondre à cet appel à la lucidité et à l’action.
La rédaction de la SENTV.info