Touba sous les eaux : une pluie saisonnière expose à nouveau les limites du système d’assainissement
SENTV : Les fortes précipitations enregistrées dans la nuit du samedi 2 août ont provoqué d’importantes stagnations d’eau dans plusieurs quartiers de Touba, ravivant les inquiétudes récurrentes sur la gestion des eaux pluviales dans la capitale spirituelle du Sénégal.
Des images prises sur le terrain montrent des rues inondées, des habitations partiellement envahies par les eaux et des véhicules coincés dans des zones devenues impraticables. Les quartiers de Darou Khoudoss, Ndamatou et Darou Marnane figurent parmi les plus touchés, selon les constats effectués sur place par nos correspondants.



Une infrastructure dépassée par les précipitations
Les pluies, bien que de durée relativement courte, ont été particulièrement intenses et ont mis en lumière les insuffisances du réseau d’évacuation des eaux. Dans une ville à urbanisation rapide, où le système d’assainissement peine à suivre la croissance démographique, ces scènes deviennent malheureusement familières en période hivernale.
« Ce n’est pas la première fois que ça arrive, mais on s’inquiète que rien ne change. Chaque année, c’est la même chose », déplore Cheikh Mbaye, un habitant de Darou Khoudoss.
Un appel pressant à l’intervention
Face à la situation, de nombreux habitants appellent à une intervention rapide des autorités locales et nationales, avant que la situation ne dégénère en crise sanitaire ou sociale. L’eau stagnante, propice à la prolifération de moustiques et de maladies hydriques, inquiète particulièrement les familles vivant dans des zones vulnérables.
Le comité communal de gestion des risques affirme avoir été saisi, tandis que la Brigade nationale des sapeurs-pompiers a commencé des opérations de pompage dans certaines zones critiques. Toutefois, les moyens mobilisés semblent insuffisants au regard de l’ampleur du phénomène.
Un défi récurrent et structurel
Située dans une zone à faible pente, Touba est particulièrement exposée aux risques d’inondation. Malgré plusieurs projets d’aménagement lancés au fil des années, les travaux de drainage restent partiels ou inachevés. La dernière phase du Programme décennal de lutte contre les inondations (PDLI) n’a pas encore été totalement exécutée dans la région de Diourbel.
La société ONAS (Office National de l’Assainissement du Sénégal) avait pourtant prévu, dans son plan de 2024-2026, des extensions de réseaux secondaires à Touba, mais les lenteurs administratives et les problèmes de financement freinent leur mise en œuvre.
Vers un nécessaire sursaut ?
Les habitants, en première ligne face à ces dérèglements climatiques aggravés par l’urbanisation anarchique, appellent à des solutions durables plutôt que des réponses ponctuelles. Le retour d’une météo instable dans les jours à venir pourrait encore compliquer la situation, d’autant que les prévisions de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM) annoncent d’autres épisodes pluvieux dans le centre du pays.
Les inondations à Touba ne sont pas un simple épisode de saison, mais un symptôme d’un déséquilibre urbain profond, entre croissance démographique, précarité des infrastructures et manque d’anticipation. Face à l’urgence, les citoyens attendent plus qu’un constat : un véritable plan d’action.
La rédaction de la SENTV.info