Traite humaine à Kédougou : une Nigériane « vendue » 500 000 F CFA, un réseau transfrontalier démantelé

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SENTV : Le 26 juin dernier, une affaire glaçante de traite de personnes a été révélée dans la région de Kédougou, au sud-est du Sénégal. Une jeune femme nigériane de 23 ans, identifiée comme R. Raji, a été prise en charge par la Division nationale de lutte contre le trafic (DNIT), après avoir échappé à un réseau de proxénétisme implanté dans le village de Sékoto.

L’affaire met en lumière un trafic organisé de jeunes femmes entre le Nigeria, le Bénin et le Sénégal. R. Raji affirme avoir été contrainte à la prostitution pour rembourser une prétendue dette contractée dans son pays d’origine.

Lors de son audition par les enquêteurs, la victime a mis en cause une compatriote, F. Jonathan, résidant également à Kédougou. Cette dernière a reconnu l’avoir achetée pour 500 000 F CFA à un individu du nom de « Friday », identifié comme membre actif d’un réseau de traite opérant depuis Cotonou, au Bénin.

La suspecte aurait ensuite contraint R. Raji à se prostituer dans des conditions de précarité extrême, dans le but de récupérer une somme de deux millions de francs CFA. L’exploitation aurait duré plusieurs mois, jusqu’à la fuite de la jeune femme.

L’enquête, désormais pilotée par la DNIT en collaboration avec les autorités judiciaires locales, a révélé l’existence d’un réseau bien structuré. Des complices répartis entre le Nigeria, le Bénin et le Sénégal seraient impliqués dans le transport des victimes, souvent munies de faux documents. Ces réseaux utilisent des voies terrestres secondaires pour contourner les contrôles aux frontières, et exploitent la vulnérabilité économique de jeunes femmes promises à un emploi à l’étranger.

Il s’agit de la troisième affaire de traite de personnes enregistrée dans la région de Kédougou en l’espace de quelques mois, un chiffre alarmant pour une zone frontalière longtemps sous-radar des autorités migratoires. Les ONG locales alertent depuis plusieurs années sur l’installation progressive de circuits de traite humaine, notamment autour des sites aurifères artisanaux qui attirent une population migrante fragile.

Déférée au parquet de Kédougou, F. Jonathan devrait être poursuivie pour traite de personnes, proxénétisme aggravé et séjour irrégulier, selon les premières indications du parquet. R. Raji, quant à elle, a été confiée à l’Ong La Lumière, spécialisée dans la réhabilitation des victimes de traite. Elle bénéficie actuellement d’un accompagnement psycho-social et administratif, en attendant les suites judiciaires de l’affaire.

Une enquête plus large est en cours, visant à identifier et interpeller les autres membres du réseau opérant entre Lagos, Cotonou et Kédougou. Les autorités sénégalaises appellent à une coopération régionale renforcée pour lutter contre ce fléau qui gangrène les zones frontalières et exploite les femmes les plus vulnérables.

La rédaction de la SENTV.info

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