SENTV : Incarcérée depuis près d’un mois dans le cadre de l’enquête sur le détournement présumé de 73 millions de francs CFA issus du fonds Force Covid-19, l’ancienne ministre des Mines et de la Géologie, Sophie Gladima, contre-attaque sur le terrain judiciaire. Ses avocats ont introduit, ce mercredi 18 juin, une demande de mainlevée du mandat de dépôt ainsi qu’une requête de mise en liberté provisoire devant la commission d’instruction de la Haute cour de justice.
Cette initiative intervient une semaine après l’audition au fond de leur cliente par les juges instructeurs. L’ancienne ministre, également maire de Joal, est poursuivie pour détournement de deniers publics, en lien avec un projet de construction d’un centre gravimétrique à Kédougou — un projet qui ne verra jamais le jour, selon la Cour des comptes, malgré le décaissement total du financement.
Pour étayer leur requête, les avocats de Sophie Gladima ont déposé un mémoire de 11 pages, rapporté par L’Observateur. Ils y soulignent que leur cliente n’a jamais été directement mise en cause dans le rapport de la Cour des comptes, précisant qu’elle se serait contentée, dans ce dossier, « d’approuver les contrats » — donc en amont de toute vérification des services effectués ou du paiement.
Autre ligne de défense : une faille réglementaire. Les conseils de l’ex-ministre reprochent à la Cour des comptes d’avoir invoqué les articles 89 et 101 du décret sur la comptabilité publique, alors que ce texte, abrogé en avril 2020, n’était plus en vigueur au moment de la publication du rapport (août 2022). Ils évoquent une « grave erreur de droit » qui, selon eux, fragilise la base légale des poursuites.
Cette affaire met à l’épreuve la jeune Haute cour de justice, réactivée dans un contexte de lutte contre la corruption visant plusieurs anciens ministres du régime de Macky Sall. Elle cristallise également l’attention sur la gestion des fonds Covid-19, dont plusieurs irrégularités avaient été relevées dans un audit explosif publié en 2022.
Sophie Gladima, géologue de formation et ex-ministre à plusieurs reprises, est l’une des premières figures de l’ancien pouvoir à faire face à une telle procédure judiciaire. Son incarcération, intervenue le 21 mai dernier, avait suscité un vif émoi dans les cercles politiques de l’ancien régime.
La commission d’instruction de la Haute cour de justice devra maintenant statuer sur la demande de libération. Si elle venait à être rejetée, le procès de fond pourrait s’ouvrir dans les prochains mois. Dans le cas contraire, cette remise en liberté — même provisoire — serait perçue comme un premier point marqué par la défense dans un dossier sensible à forte charge symbolique.
La rédaction de la SENTV.info