SENTV : Le dossier ASER / AEE Power prend une tournure explosive. Après son audition par la Section de recherches de la gendarmerie, le député Thierno Alassane Sall a lancé un avertissement sans détour : « Si on entend toutes les parties prenantes, des têtes vont tomber. »
Une audition “très professionnelle”
Selon lui, les enquêteurs ont mené un interrogatoire rigoureux, bien préparé : “une équipe très professionnelle”, dotée “d’un sens aigu de l’écoute” et des “questions pointues”, a-t-il expliqué dans un entretien avec L’Observateur. Ces échanges ont visé au cœur du scandale présumé.
Le dossier tourne autour d’un montant très lourd : 37 milliards de francs CFA, avance de démarrage versée, selon Sall, le 11 juin 2024 à AEE Power EPC dans le cadre d’un marché d’électrification rurale confié par l’ASER.
Or, d’après ses investigations de terrain, le projet — censé couvrir plus de 500 villages — semble manifestement en panne : lors d’une tournée à Louga, il affirme qu’“aucun des dix villages visités n’a été électrifié” et qu’il n’a vu “ni chantier, ni matériel, ni travaux”.
Même dans l’arrondissement de Ndandé, “seuls deux villages” présenteraient un début d’exécution, avec “quelques poteaux érigés”, ce qu’il qualifie de “vieilles ficelles” pour tromper les populations.
Pour Thierno Alassane Sall, la seule manière de faire éclater la vérité, c’est d’« entendre tous les acteurs » : il demande l’audition d’anciens comme d’actuels dirigeants de l’ASER, des responsables d’AEE Power EPC/Sénégal, les directeurs d’assurance concernés, les représentants de la banque Santander, mais aussi les membres du comité règlement.
Il insiste : ne laisser aucun maillon de la chaîne de ce marché dans l’ombre est vital, sinon le scandale pourrait “exploser en public”.
Le député ne se limite pas aux frontières sénégalaises : il évoque une dimension internationale : “Si la justice sénégalaise ne va pas jusqu’au bout, l’Espagne le fera”, avertit-il, soulignant que des opérations financières liées à ce projet ont transité par des entités espagnoles.
Selon lui, la banque Santander, partenaire financier du projet, aurait gelé les décaissements en attendant des justificatifs crédibles.
À sa sortie de la gendarmerie, Sall se dit “relativement confiant” dans l’enquête : “ils sont déterminés”, affirme-t-il, tout en notant que la chaîne institutionnelle pourrait freiner le processus.
Il prévient : l’incapacité d’exécuter le marché ne saurait être éternellement masquée — “il faut prendre le taureau par les cornes maintenant et éclairer l’affaire”, dit-il.
Au-delà de la simple plainte déposée devant le Pool judiciaire financier — annoncée par Sall — c’est bien un ultimatum qu’il adresse : la vérité sur les 37 milliards doit surgir, et ceux qui ont porté la responsabilité risquent de payer.
Dans un climat politique déjà tendu, cette prise de position pourrait bien déclencher une onde de choc.
La rédaction de la SENTV.info