SENTV : L’hémicycle a retrouvé, ce samedi, l’intensité de ses sessions les plus sensibles. À l’occasion de l’examen du Projet de loi de finances initiale (PLFI) 2026, Me Aïssata Tall Sall, présidente du groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal, a tenu à obtenir des clarifications précises sur un terme qui enflamme la scène politique et économique depuis des mois : la « dette cachée ».
Face au ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, l’ancienne Garde des Sceaux a voulu briser l’opacité qui entoure cette expression, devenue un marqueur de la communication gouvernementale depuis septembre 2024. À l’époque, l’exécutif avait accusé le régime sortant d’avoir « joué avec les finances publiques » en dissimulant des engagements financiers non déclarés.
Le ton de l’avocate s’est voulu à la fois ferme et didactique.
« Qu’est-ce qu’il faut retenir comme définition de la dette cachée ? Qu’est-ce qui la compose ? Et surtout, comment peut-on cacher une dette ? », interroge-t-elle, suscitant un mouvement d’attention dans l’Assemblée.
Ces questions ne sont pas anodines : elles touchent au cœur de la transparence budgétaire et à la crédibilité de la comptabilité publique, deux notions auxquelles les institutions financières internationales accordent une importance capitale. Pour l’élue, il ne suffit pas de brandir l’expression ; il faut en préciser la portée comptable, politique et juridique.
Selon les explications souvent avancées dans le débat public, la notion de « dette cachée » renverrait à des engagements hors budget, à des arriérés non déclarés, ou encore à des obligations financières contractées par des agences ou sociétés publiques mais non consolidées dans la dette de l’État.
Cependant, jusqu’ici, aucune communication officielle n’a présenté une quantification précise, ni une liste exhaustive des engagements concernés. D’où l’insistance de Me Aïssata Tall Sall :
s’agit-il de dettes commerciales ?
de compensations non réglées ?
de contrats passés par des entités publiques sans inscription dans la loi de finances ?
ou d’arriérés accumulés dans les derniers mois du précédent gouvernement ?
Cheikh Diba sous pression explicative
Le ministre Diba, interpellé frontalement, a été invité à apporter une définition opérationnelle de cette dette afin que le Parlement sache exactement ce qu’il examine dans le PLFI 2026. Car la question n’est pas uniquement technique : elle conditionne la lecture de la trajectoire budgétaire du pays et la confiance accordée aux projections financières pour les deux prochaines années.
Cette passe d’armes illustre un phénomène plus large : la volonté croissante des députés de disposer d’une lecture complète et sincère des engagements financiers du pays. L’expression « dette cachée » est devenue un symbole — celui du besoin de transparence, mais aussi celui de la bataille narrative entre l’actuel gouvernement et ses prédécesseurs.
Dans un contexte où la situation économique reste surveillée par les partenaires internationaux, l’Assemblée nationale semble vouloir éviter toute zone grise. Et à travers ses questions incisives, Me Aïssata Tall Sall entend s’assurer que le débat sur les finances publiques ne soit ni un slogan, ni un écran de fumée.