Mémoire nationale : Dakar se recueille pour le 81ᵉ anniversaire du massacre de Thiaroye
SENTV : Ce lundi 1ᵉʳ décembre 2025, le Sénégal a commémoré le 81ᵉ anniversaire du massacre des Tirailleurs Sénégalais à Thiaroye, un moment solennel empreint d’émotion et de dignité au cœur du cimetière militaire du camp de Thiaroye, en banlieue dakaroise.
La cérémonie, placée sous le haut patronage de Bassirou Diomaye Faye, Président de la République, a vu la présence d’invités de marque — parmi eux Adama Barrow, Président de la Gambie, le Président de l’Assemblée nationale du Togo, Komi Sélom Klassou et le Vice-Président de la République de Côte d’Ivoire, Tiémoko Meyliet Koné. Des honneurs militaires ont été rendus dès l’arrivée du chef de l’État sénégalais, qui a déposé une gerbe sur les tombes anonymes de ces soldats africains, victimes de la répression coloniale le 1ᵉʳ décembre 1944.
Le drame de Thiaroye, rappel historico-politique douloureux, opposa des anciens tirailleurs, récemment démobilisés après la Seconde Guerre mondiale, à l’armée coloniale française qui réprima dans le sang leur revendication de soldes et indemnités impayées. Les bilans divergent : la version officielle évoque 35 morts, tandis que des témoignages et nombreux historiens évoquent un bilan bien plus lourd, pouvant atteindre 300 victimes.
Au-delà du rituel, cette commémoration incarne l’engagement renouvelé de l’État sénégalais pour la vérité historique. Le comité mis en place depuis novembre 2025 a soumis à l’agenda de la mémoire nationale plusieurs chantiers : la réhabilitation du site de Thiaroye, la diffusion d’un « Livre Blanc », la mise en place d’un centre de documentation et recherche, ainsi que l’intégration de ce chapitre historique dans les programmes scolaires.
« Commémorer ici, c’est faire vivre la mémoire de ces hommes — venus de 17 pays africains — qui ont payé de leur vie pour la liberté et l’honneur, avant d’être trahis. » a déclaré l’un des orateurs de la cérémonie. Ce devoir de mémoire, selon les autorités, doit servir de repère pour bâtir une Afrique unie, souveraine, consciente de son histoire — un engagement moral qui dépasse les frontières et concerne toute la diaspora africaine.
Au moment où les descendants appellent toujours à des réparations symboliques et à la reconnaissance pleine et entière de ce crime colonial, ce 81ᵉ anniversaire marque plus qu’un hommage : un pas renouvelé vers la justice historique et la dignité retrouvée.




