SENTV : Le Sénégal se heurte à un déficit structurel estimé à 500 000 logements, a déclaré le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, Balla Moussa Fofana, lors de l’examen du budget 2026 de son département devant l’Assemblée nationale. Une pénurie chronique qui exerce une pression considérable sur le marché locatif et fragilise le pouvoir d’achat des ménages, en particulier dans les grands centres urbains.
Selon le ministre, le loyer demeure l’un des postes de dépenses les plus contraignants pour les familles. Face à cette situation, l’exécutif a passé l’année écoulée à structurer le Programme national d’accès au logement et de renouveau urbain (PENALRU), un dispositif censé offrir un cadre opérationnel pour résorber durablement le déficit.
Objectif : limiter le poids du loyer à 30 % des revenus.
M. Fofana précise que les pouvoirs publics ambitionnent d’ajuster les politiques du logement de sorte que les loyers ne dépassent plus 30 % des revenus des ménages, un seuil couramment admis dans les normes internationales d’accessibilité.
Mais le gouvernement se heurte à une réalité implacable : la production nationale de logements est largement inférieure aux besoins. « Depuis 2013, malgré une demande évaluée à 300 000 logements par an, la production réelle dépasse rarement 5 000 unités », a rappelé le ministre.
Une insuffisance qui, cumulée sur plus d’une décennie, explique l’ampleur d’un déficit devenu structurel. M. Fofana illustre la magnitude de l’effort à fournir : 500 000 logements manquants, à un coût moyen de 20 millions FCFA chacun, représentent un investissement colossal, difficilement soutenable pour le budget de l’État seul.
Vers une réforme de la loi sur l’habitat social
Pour accélérer la réponse publique, une révision de la loi d’orientation sur l’habitat social sera prochainement proposée aux députés. Ce cadre rénové devra renforcer les incitations et offrir un environnement plus attractif pour les investisseurs privés, essentiels à la mise en œuvre du PENALRU.
Le programme mise en effet sur une combinaison de mesures financières et fiscales, ainsi que sur le développement d’infrastructures dédiées, à l’image de la zone industrielle aménagée près de l’autoroute Dakar-Diamniadio, destinée à soutenir les entreprises du bâtiment et des travaux publics.
Un secteur à fort potentiel économique
Au-delà de l’urgence sociale, le ministre rappelle que le logement est un puissant levier de croissance. « Derrière chaque maison construite, plus de 20 métiers sont mobilisés », souligne-t-il, plaidant pour un engagement accru de partenaires publics et privés afin de stimuler un secteur capable de générer des milliers d’emplois.
Pour 2026, les autorisations d’engagement du ministère de l’Urbanisme s’élèvent à 270,8 milliards FCFA, tandis que les crédits de paiement sont fixés à 250,8 milliards FCFA, confirmant la volonté de l’État de faire du logement une priorité stratégique.