Affaire des 125 milliards : Farba Ngom enfin face au juge après neuf mois d’un silence judiciaire controversé
SENTV : Un tournant majeur s’annonce dans l’affaire des 125 milliards de francs CFA, l’un des dossiers politico-financiers les plus sensibles de ces dernières années. Après neuf mois de silence judiciaire, le député-maire de Agnam, Farba Ngom, sera finalement entendu le lundi 15 décembre par le juge d’instruction du Pool judiciaire financier, révèle Les Échos. Il s’agit de sa première audition au fond depuis son inculpation et son placement sous mandat de dépôt, le 27 février dernier.
Cette convocation, attendue depuis des mois par ses conseils et ses partisans, pourrait ouvrir — selon ses avocats — la voie à un cautionnement susceptible d’entraîner une mainlevée du mandat de dépôt. Une étape décisive dans une procédure qui a souvent été critiquée pour sa lenteur.
Depuis son incarcération, Farba Ngom n’avait jamais été entendu sur les accusations au cœur du dossier, contrairement aux autres protagonistes déjà auditionnés par le magistrat instructeur. Un immobilisme procédural qui avait fini par alimenter frustration et interrogations parmi ses proches.
Selon Les Échos, le juge d’instruction aurait préféré boucler l’ensemble des auditions périphériques avant d’interroger les deux figures centrales du dossier :
Farba Ngom,
et l’homme d’affaires Tahirou Sarr.
Tous deux sont cités dans le rapport accablant de la CENTIF, qui les identifie comme acteurs majeurs présumés d’un mécanisme d’escroquerie sur deniers publics, avec un possible volet de blanchiment de capitaux.
Le montant en jeu, 125 milliards de FCFA, continue de susciter débats, suspicions et tensions dans les sphères politiques comme judiciaires.
La santé du maire d’Agnam, un facteur d’incertitude
Mais une interrogation persiste à l’approche de l’audition :
Farba Ngom pourra-t-il physiquement se présenter devant le juge ?
D’après les informations relayées par Les Échos, plusieurs expertises médicales diligentées par des professeurs ont conclu à une “incompatibilité de son état de santé avec la détention”. Malgré ces conclusions, le ministère public n’a pas donné suite aux demandes de ses avocats visant à obtenir une mainlevée du mandat de dépôt.
La Chambre d’accusation avait pourtant ordonné une assignation à résidence, mais cette décision a été immédiatement contestée : le Parquet général a saisi la Cour suprême, créant un blocage juridique supplémentaire et maintenant Farba Ngom sous écrou.
Ses avocats, prudents, refusent de spéculer sur sa capacité à supporter une audition longue et exigeante, faisant planer le doute sur le déroulement effectif de la séance prévue le 15 décembre.
Alors que l’instruction semble entrer dans une phase cruciale, cette audition pourrait clarifier les responsabilités, accélérer le processus ou, au contraire, accentuer les zones d’ombre autour de ce dossier tentaculaire.
Une chose est sûre : le rendez-vous du 15 décembre sera scruté de près, tant par les observateurs du monde judiciaire que par la classe politique.