Arrestation d’Embaló : la Guinée-Bissau au bord de la rupture institutionnelle

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SENTV : La capitale de la Guinée-Bissau a vécu ce mercredi 26 novembre 2025 une montée dramatique des tensions, trois jours seulement après l’élection présidentielle et législatives du 23 novembre. Des coups de feu nourris ont été entendus autour du palais présidentiel — ainsi qu’à proximité de la commission électorale —, provoquant la panique parmi les habitants.

Le président sortant Umaro Sissoco Embaló a affirmé, dans un entretien accordé à la revue Jeune Afrique, avoir été arrêté vers midi, alors qu’il se trouvait dans son bureau. Il considère cette action comme un coup d’État, qu’il attribue au chef d’état-major de l’armée de terre.

Selon lui, son arrestation s’est déroulée “sans violence”. Toutefois, il n’est pas le seul à avoir été interpellé. Parmi les autres figures arrêtées figurent le chef d’état-major général des armées, son adjoint, ainsi que le ministre de l’Intérieur.

L’élection présidentielle du 23 novembre 2025 devait consacrer — ou non — un second mandat pour Embaló. Officiellement, les résultats définitifs devaient être annoncés dans les jours suivant le scrutin.
Or, dès mardi, les deux principaux protagonistes, Embaló d’un côté et l’opposant Fernando Dias da Costa de l’autre, ont revendiqué la victoire, plongeant le pays dans un climat de grande confusion.
Selon Embaló, il aurait obtenu 65 % des suffrages, sur la base de son propre comptage.

Dans un pays marqué par une longue série de coups d’État depuis son indépendance, l’annonce de ces résultats contestés a immédiatement ravivé les craintes d’un retour à l’instabilité.

La version d’Embaló — arrêt sans violence, coups de feu dans les rues, arrestation simultanée des plus hauts responsables militaires et civils — laisse peu de place au doute : il s’agit bien, selon lui, d’un coup d’État dirigé depuis le sommet de l’armée.

Des témoins oculaires et des journalistes confirment les détonations autour du palais et le déploiement de soldats armés masqués, ce qui suggère un passage à l’action organisé.

Pour l’heure, aucune source indépendante n’a confirmé de manière officielle la version du président — la situation reste floue, dans un contexte de forte polarisation politique.

Cet épisode plonge la Guinée-Bissau dans une crise majeure : non seulement l’avenir du scrutin devenu contesté est désormais remis en cause, mais l’État lui-même — à travers ses institutions — semble paralysé.

Le pays, qui compte déjà un long passif de coups d’État et d’instabilités politiques depuis son indépendance en 1974, pourrait basculer dans un vide institutionnel dangereux.

À Bruxelles, à Abuja ou dans les capitales ouest-africaines, les chancelleries observent avec inquiétude ces développements. Tout appel à la retenue et à une médiation internationale risque d’être rendu plus difficile encore si l’armée se montre déterminée à conserver le pouvoir.

Dans l’immédiat, c’est la peur, le doute et l’angoisse qui dominent à Bissau — pour beaucoup, l’ombre d’un conflit ouvert plane sur la Guinée-Bissau.

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