Au Sénégal, la politique vole la vedette aux urgences nationales ( Thierno Bocoum )

SENTV : Au Sénégal, le débat public s’égare depuis plusieurs semaines dans des scènes secondaires qui prennent le pas sur les véritables priorités nationales. C’est le constat sévère dressé par Thierno Bocoum, président du mouvement AGIR-les leaders, qui déplore un paysage politique où « l’accessoire occupe la scène » au détriment de l’essentiel.

Selon lui, le pays s’enlise dans des polémiques internes au régime, transformées en spectacles suivis avec curiosité par l’opinion, tandis que les défis économiques et sociaux attendent toujours des réponses concrètes. « Le public regarde, incrédule, le sérieux disparaître derrière le spectacle », écrit-il, fustigeant un État absorbé par des querelles de couloir alors que les services publics se fragilisent et que l’économie cherche son souffle.

Le 20 novembre 2025, la Primature a tenu la première réunion consacrée au Plan de redressement économique et social (PRES), une initiative largement relayée mais qui arrive tard, selon Bocoum. Il rappelle que le Président de la République avait déjà, lors du Conseil des ministres du 22 octobre 2025, instruit le Premier ministre ainsi que les ministres de l’Économie et des Finances de procéder « en urgence » à l’évaluation du PRES et de la Stratégie nationale de Développement (SND).

Pour l’opposant, cette réunion tardive traduit un décalage au sommet de l’exécutif. Le Président évoque l’urgence, tandis que le Premier ministre semble agir « en prolongations », créant un désaccord qui, selon lui, désoriente l’action gouvernementale et pénalise le pays.

Dans son analyse, Bocoum estime que l’heure n’est plus à déterminer ce qui doit être prioritaire, mais à identifier qui, au sein des responsabilités publiques, saura répondre aux impératifs urgents que traverse la Nation. « L’urgence la plus urgente, désormais, c’est de répondre aux urgences », conclut-il, dénonçant un État qui peine à remettre l’essentiel au centre de la décision publique.