SENTV : Les influenceurs sénégalais Azoura Fall (35 ans) et El Hadji Ousseynou Kairé (32 ans), tous deux proches du parti Pastef, ont été placés sous mandat de dépôt après leur audition par la Direction spéciale de la cybersécurité (DSC). En cause : des vidéos jugées offensantes à l’encontre de l’ancien président Macky Sall, relayées récemment sur les réseaux sociaux.
Ils doivent comparaître ce jeudi devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour « propos contraires aux bonnes mœurs », une infraction relevant du Code pénal sénégalais.
Mais selon les informations du journal Libération, Azoura Fall conteste le contexte de diffusion de la séquence incriminée. Lors de son interrogatoire, il a expliqué qu’il s’agissait d’un live TikTok datant de neuf mois, au cours duquel il répondait à des commentaires hostiles. Il affirme que des faux profils l’avaient provoqué en insultant les sympathisants de Pastef, et que ses propos étaient une réaction à chaud, et non une attaque préméditée contre l’ancien chef de l’État.
L’influenceur a également mis en avant son état psychologique, affirmant que sa détention sous l’ancien régime l’avait profondément affecté. À l’appui, une attestation médicale émise en milieu carcéral en octobre 2023, faisant état de troubles psychiatriques présumés.
Plus surprenant, Azoura Fall a nié être l’auteur de la récente mise en ligne de la vidéo. Il soutient qu’elle aurait été transmise depuis Paris par Me Moussa Diop – avocat et acteur politique – à un autre influenceur, Kalifone, qui l’aurait ensuite diffusée. Une plainte aurait été déposée contre l’avocat, toujours selon la même source.
De son côté, El Hadji Ousseynou Kairé a reconnu avoir tenu des propos déplacés sous le coup de l’émotion. Il affirme avoir réagi après avoir été informé de l’intervention musclée des forces de l’ordre au domicile familial d’Azoura Fall à Paoskoto, qualifiant l’opération de disproportionnée.
Cette affaire, qui mêle cybersécurité, liberté d’expression, mémoire politique et souffrance psychologique, suscite de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Certains y voient une poursuite injustifiée d’influenceurs d’opposition, d’autres pointent la nécessité de réguler les contenus en ligne jugés offensants ou diffamatoires.
Le procès, très attendu, devrait permettre d’éclairer les zones d’ombre entourant la diffusion de la vidéo et la qualification pénale des propos tenus. Il pose aussi la question sensible de la gestion post-régime des tensions numériques et mémorielles dans un Sénégal en transition.
La rédaction de la SENTV.info