Bourses Universitaires : Jean Amédé Diatta Plaide pour un Retour au Dialogue et une Réforme de Fond
SENTV : La crise des bourses universitaires continue de secouer l’espace académique sénégalais. Entre incompréhensions, revendications étudiantes et contraintes budgétaires de l’État, la tension a franchi un nouveau palier ces dernières semaines. Invité de l’émission Champ contre Champ, le directeur des bourses, Jean Amédé Diatta, a brisé le silence et livré une analyse sans détour de la situation, tout en appelant à une reprise urgente des discussions.
Revenant sur les contestations liées à l’attribution des bourses en master, le directeur a rappelé les limites structurelles du système actuel. Le décret de 2014, qui encadre l’attribution, apparaît aujourd’hui dépassé au regard de l’explosion des effectifs dans le supérieur.
« Le ministre s’oriente déjà vers des réformes pour modifier le décret de 2014 », a indiqué Jean Amédé Diatta, estimant que le dispositif pèse lourdement sur les finances publiques. Il cite un chiffre clé pour illustrer l’ampleur du défi :
193 000 étudiants inscrits l’an dernier, dont 153 000 boursiers — soit plus de 77 %.
Une proportion qui, selon lui, rend le système difficilement soutenable à long terme et justifie une révision des critères d’attribution. L’objectif : instaurer un modèle plus ciblé, plus lisible et financièrement viable.
“Aucune position n’est figée” : un appel à la désescalade
Interrogé sur les heurts signalés sur plusieurs campus, Jean Amédé Diatta a lancé un appel clair à la responsabilité et au retour du dialogue :
« Sur les affrontements, nous interpellons les étudiants à revenir à la table des négociations, car aucune position n’est fixe. »
Le directeur rappelle que le ministère a déjà manifesté une volonté d’ouverture :
« Le ministre a publié un communiqué donnant des directives dans ce sens… »
Selon lui, l’escalade ne ferait que durcir les postures alors même que des marges de manœuvre existent. La priorité, affirme-t-il, doit être donnée à une négociation sereine et structurée.
Paradoxalement, cette période de tensions pourrait accélérer un chantier repoussé depuis plusieurs années : la refonte du système des bourses. Entre les revendications étudiantes — que le directeur dit comprendre — et les impératifs financiers de l’État, l’exécutif semble désormais contraint d’avancer.
L’enjeu dépasse le seul cas des masters : il s’agit de repenser l’équité du dispositif, d’en garantir la pérennité et de l’adapter à la massification de l’enseignement supérieur.
Reste dès lors à savoir si les acteurs — étudiants, autorités universitaires et gouvernement — saisiront cette fenêtre d’opportunité pour bâtir un système plus juste et durable.
