Contribution : Ousmane Sonko un tigre en papier devenu un dragon crachant du feu du fait de la mauvaise communication gouvernementale
Lorsque Mr Oumar Youm directeur de cabinet du président de la république affirme: »qu’aucune des révélations de Sonko n’est digne de faire l’objet d’une enquête ».On est tenté de se demander pourquoi tout ce ramdam médiatique autour des questions soulevés par Mr Sonko.
Ce dernier naguère anonyme inspecteur des impôts , chef d’un parti-télécentre ,membre du discret syndicat maison des Impôts et Domaines est passé en quelques mois de l’anonymat au statut de superstar surmediatisé du fait de la mauvaise communication gouvernementale.Sonko s’est d’ailleurs engouffré dans les failles de cette communication cahoteuse pour multiplier les sorties et pousser l’Etat à s’acharner contre lui.
En réaction à ses sorties les hommes de Macky ont pédalé dans la choucroute chaude de Sonko apportant malgré eux de l’eau dans le moulin de l’inspecteur politicien.Une communication à côté de la plaque qui a produit l’effet contraire de l’effet escompté .Un lynchage médiatique contre Sonko qui a finalement fabriqué un opposant à Macky Sall comme l’ a dit avec pertinence le doyen Mame Less Camara .Sa radiation va lui conférer un statut de victime et lui faire bénéficier du coup d’un fort courant de sympathie au niveau de l’opinion .Au Sénégal les supposées victimes politiques ont toujours récolté des dividendes électorales inespérées.D’ailleurs Sonko va servir de béquilles à l’opposition sénégalaise dont le cautère sur la jambe de bois empêchait de marcher.Radier Ousmane Sonko est une erreur.
Ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on va faire baisser la fièvre.Cette affaire ne méritait pas cet emballement médiatique avec ces responsables de l’APR en mal de publicité ou voulant faire plaisir à Macky rivalisaient d’ardeur pour apporter la plus grosse pierre pour lapider Sonko.Il s’en est suivi un charivari médiatique digne de la Tour de Babel. L’affaire Sonko devait être considéré comme un simple chewing-gum qui à force d’être mâchouillé allait perdre sa saveur.Non pas qu’on doit la minimiser mais qu’on la traite à sa juste proportion.On ne tue pas une mouche avec un bazooka.Malheureusement dès la première attaque de Sonko annonçant ce qui est déjà affiché sur des sites officiels,le non reversement d’une dette de 2,7milliards de l’Assemblee a l’administration fiscale,l’institution parlementaire s’est engluée dans la dénégation avant de reconnaître laborieusement les manquements dans une guerre burlesque des chiffres.
Ensuite c’est Moustapha Diakhate le président du groupe parlementaire qui prononce un fatwa contre Sonko poussant l’outrecuidance jusqu’à demander l’interdiction à certains hauts fonctionnaires de faire de la politique oubliant que le ministère de l’Economie et des finances est un repaire de politiciens .Le ministre Amadou Ba est un responsable de l’Apr.Itou pour ses directeurs.Sonko est lui aussi à son corps défendant fait de la politique .Il fait face aux contradictions de la communication politique dans la démocratie .Celle-ci emprunte trois directions contradictoires :l’information,la politique et la communication .Ousmane Sonko donne une information,fait de la politique et verse dans la com’.Un triptyque que les responsables APR ont du mal à suivre.Trois plaques brandies simultanément par Sonko qui ont brouillé ses contempteurs.Resultats des courses :des réponses à côté de la plaque.En lieu et place à des réponses claires et pondérées ils se sont époumonés à qui mieux mieux pour contre -attaquer de façon outrancière pour diaboliser Sonko.
Ce qui a produit l’effet contraire de l’effet escompté ,c’est à dire lui conférer une réputation surfaite,transformer un tigre en papier en un dragon politique qui crache du feu sur la république .Le fait que Sonko soit irrité par la non couverture d’une de ses sorties par le groupe Futurs Médias au point de traiter Yousou Ndour de délinquant fiscal prouve à suffisance son addiction aux médias pour faire sa promotion.Malheureusement la presse comme l’Etat jouent le jeu de Sonko.Ce qui a transformé le pétard en bombe à fragmentation.Et avec une simple lance-pierres au début Sonko est devenu un lanceur d’alerte une appellation à la mode pour désigner ces »acteurs vigilants « ,ces sentinelles de veille qui tirent la sonnette d’alarme pour défendre une cause d’intérêt général.Malheureusement si les avocats de Ousmane Sonko attaquent la sanction (sa radiation de la fonction publique) en recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif,l’Etat risque de perdre le procès .D’ailleurs les exemples font florès dans la jurisprudence française où des lanceurs d’alerte ont été rétablis dans leurs droits après un licenciement jugé abusif.Et si Sonko gagne son procès son aura irait crescendo au niveau de l’opinion et l’image de l’Etat et de son chef va en prendre un sacré coup.Et d’autres Ousmane Sonko vont proliférer comme des métastases dans le corps de l’Etat.
Pour se prémunir juridiquement de ces politiciens qui s’affublent d’oripeaux de lanceurs d’alerte iconoclastes infiltrant l’administration pour assouvir des ambitions personnelles inavouées,il convient de s’adapter à la nouvelle donne médiatico-politico-administrative en dotant la fonction publique de dispositifs juridiques pour encadrer la poussée émergente de ces lanceurs d’alerte de type nouveau.En France il existe une législation pour encadrer les lanceurs d’alerte:la loi 2016 483 du 20 Avril 2016.Le chapitre premier porte sur la déontologie,les droits,les obligations et la prévention des conflits d’intérêts…
L’Etat du Sénégal doit légiférer en ce sens pour disposer de l’arsenal juridique et des sanctions légales nécessaires contre ceux qui utilisent leurs positions et les dossiers administratifs à des fins politiciennes.
ACHILLE NIANG Journaliste à Louga