SENTV : On avait misé sur un tournant historique : l’arrivée de PASTEF au pouvoir promettait de redéfinir les fondements mêmes de la gouvernance sénégalaise. Partage équitable des richesses, fin du pillage, justice sociale… C’était le rêve d’un “Sénégal nouveau”. Pourtant, deux ans après, ce rêve semble s’étioler, emporté par des dissensions au sommet et des espoirs trahis.
Au cœur de cette désillusion : Ibrahima Kandé, figure discrète mais symbolique de ce changement espéré. Loin d’être une personnalité largement médiatisée — et en dépit d’un nom évoquant la rupture — peu d’articles sérieux documentent son rôle réel. Certains le présentent comme un “homme d’influence”, d’autres le relient à des ambitions politiques locales. Mais au-delà des spéculations, il cristallise surtout la déception populaire : celle d’un espoir porté par des idéaux, mais qui vacille face à la réalité du pouvoir.
La dualité du pouvoir : entre Sonko et Diomaye
Le principal clivage qui mine l’élan réformiste aujourd’hui prend racine au sommet : Diomaye, adulé par certains dans PASTEF, est accusé d’être pris dans des “calculs politiciens”; l’idée d’un second mandat plane déjà. Sonko, quant à lui, incarne la jeunesse et l’espoir, mais semble démuni politiquement dans ce jeu de pouvoir, et réclame son “éligibilité” pour 2029.
Cette dualité, loin d’être un simple désaccord idéologique, trahit une fracture profonde : non seulement de personnalités, mais de visions. Certains dénoncent l’égo qui divise “deux frères de parti”, unis par le passé mais aujourd’hui distants par leurs ambitions. Le management du pays – pourtant promise à la rupture – semble aujourd’hui confronté à une gouvernance à deux vitesses.
Le peuple, abandonné dans la morosité
Pendant ce temps, le citoyen lambda assiste, impuissant, à la désillusion. La morosité économique frappe durement : le partage promis des richesses n’est pas tangible, et les accusations de gabegie financière ne cessent de revenir. L’injustice sociale, loin d’être éradiquée, semble perdurer comme un vieux refrain.
Le “Sénégal nouveau” rêvé — un Sénégal où les plus méritants accèdent aux responsabilités, où les deniers publics sont protégés — se transforme peu à peu en “Sénégal de l’égo” et des calculs. Le désenchantement gagne du terrain : la jeunesse qui avait vu en Sonko un porte-étendard d’un avenir différent se demande désormais si l’alternance promise n’était qu’un mirage.
Qui est exactement Ibrahima Kandé ? C’est ici que le flou persiste. Son nom résonne dans des cercles d’influence, mais les sources fiables manquent. Contrairement à des figures publiques bien documentées, peu d’articles d’investigation ont voulu lever le voile sur son rôle effectif — politique, économique ou symbolique.
Cette opacité nourrit les spéculations : est-il un simple “homme de réseau” ? Un conseiller discret au sein de PASTEF ? Ou plus largement, un symbole — presque mythique — du rêve avorté d’un Sénégal refondé ? Quoi qu’il en soit, son absence de transparence renforce l’idée que la rupture promise n’a pas été pleinement assumée.
Deux ans après l’arrivée de PASTEF, la trajectoire du Sénégal semble moins celle d’une révolution que d’une régression silencieuse. Le fossé entre les promesses — “moins de détournements”, “moins de gabegie” — et la réalité — un pouvoir fracturé, des intérêts personnels, un peuple lassé — devient dangereux.
Si rien ne change, la génération qui avait adhéré au projet pourrait tourner le dos à la politique. Le “Sénégal nouveau” risque de redevenir un rêve — un mirage entretenu — plutôt qu’un horizon effectif.