Drame de Columbus : plongée dans la spirale psychique qui aurait mené Cheikh Dièye à l’irréparable

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SENTV : Les zones d’ombre entourant l’incendie meurtrier qui a emporté la famille Dièye à Columbus, dans l’Ohio, continuent de susciter émotion et perplexité. Les premiers éléments de l’enquête, révélés cette semaine, orientent les investigations vers une piste criminelle. Plus troublant encore : l’auteur présumé serait Cheikh Dièye, 25 ans, retrouvé sans vie aux côtés de ses parents dans la maison ravagée par les flammes.

Un geste aussi extrême, analysent les spécialistes interrogés par L’Observateur, ne surgit jamais de manière spontanée. Pour le criminologue Pape Khaly Niang, l’expatriation constitue souvent un facteur aggravant. Loin des repères sociaux et familiaux habituels, un jeune adulte peut voir s’accentuer ses vulnérabilités psychiques, sans que l’entourage ne perçoive les signaux faibles. « La pression quotidienne, lorsqu’elle n’est pas accompagnée, crée un terrain propice à la perte de contrôle, surtout lorsqu’apparaît une forme d’indifférence émotionnelle », souligne-t-il.

La psychologue Sandrine Diédhiou met pour sa part en avant l’accumulation de souffrances non prises en charge, qui peut favoriser l’émergence de croyances altérées. Dans certains cas extrêmes, explique-t-elle, l’individu finit par percevoir – à tort – sa propre famille comme la source de son tourment. « L’acte d’immolation, en plus d’entraîner les siens, révèle une détresse psychique profonde, rarement perceptible de l’extérieur », précise-t-elle.

Pour le psychologue Serigne Mor Mbaye, ce drame s’inscrit également dans la réalité complexe des familles migrantes. Les tensions identitaires, fréquentes chez des jeunes partagés entre deux cultures, fragilisent parfois la construction personnelle. Lorsqu’une crise aiguë survient, particulièrement chez un individu déjà vulnérable, « le basculement peut se produire dans un silence total ».

Les experts convergent sur un point : ces passages à l’acte se produisent souvent dans une apparente normalité, sans signes précurseurs flagrants. Seule une enquête approfondie — psychologique, sociale et familiale — permettra de comprendre les circonstances exactes ayant conduit Cheikh Dièye à un tel déchaînement de violence.

Dans un élément supplémentaire révélateur, Les Échos rapportait dans son édition du samedi que près de vingt appels au 911 avaient été enregistrés en trois ans pour disputes et troubles domestiques au domicile des Dièye, laissant entrevoir un climat familial particulièrement tendu.

À Columbus comme au Sénégal, le drame soulève une même interrogation : comment une telle tragédie a-t-elle pu mûrir dans une famille sans que personne ne saisisse l’ampleur du malaise ?

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