SENTV : À bientôt deux ans de l’accession de PASTEF aux commandes de l’État, le Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDR) a livré, ce jeudi, une lecture particulièrement critique de la gouvernance en cours. Face à la presse, l’ancien ministre du Travail Samba Sy, figure de proue du Front, n’a pas mâché ses mots, parlant d’un rejet « clair, massif et indigné » du bilan du régime actuel.
Selon le FDR, le pays traverse une phase d’errance économique préoccupante. Le pouvoir, accuse Samba Sy, « peine à définir une orientation cohérente », préférant, selon lui, s’abriter derrière « la fable politicienne de la dette cachée » pour justifier ses contre-performances. Une stratégie jugée inefficace et déconnectée des réalités vécues par les populations.
Une économie sous tension
Le Front pointe une série de dysfonctionnements structurels : retards de paiement des bourses étudiantes, factures impayées dans le secteur du BTP, campagne arachidière grippée, et difficultés persistantes à honorer les engagements de l’État envers les opérateurs privés. « Les caisses publiques sont exsangues », a insisté l’ancien ministre, évoquant l’incapacité de l’État à régler les dettes héritées de l’exercice précédent, notamment envers les stockeurs.
Sur le front alimentaire, le constat est tout aussi alarmant. En s’appuyant sur des données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), le FDR révèle que les importations de céréales ont atteint 2 323 625 tonnes en septembre 2025, contre environ 2 millions de tonnes en 2023. Pour l’opposition, cette progression illustre un recul inquiétant de la souveraineté alimentaire, pourtant érigée en priorité par les nouvelles autorités.
Justice et libertés publiques en question
Au-delà de l’économie, le FDR alerte sur une dégradation de l’État de droit. Samba Sy dénonce une « instrumentalisation plus subtile mais persistante de la justice », évoquant des manœuvres visant à retarder des libérations pourtant ordonnées et à imposer des contraintes jugées arbitraires à certaines personnalités.
Le Front s’indigne également de ce qu’il considère comme une impunité sélective, citant le cas d’un ministre ayant reconnu un détournement de fonds sociaux sans qu’aucune décision judiciaire ne soit, à ce jour, intervenue.
Tensions politiques et institutions fragilisées
Sur le terrain politique, le FDR décrit une scène institutionnelle minée par des luttes internes au sommet de l’État. Une « guerre larvée » entre la Présidence et la Primature, liée selon lui à la perspective de la présidentielle de 2029, qui finit par exposer les divisions du parti au pouvoir. L’Assemblée nationale n’en sortirait pas indemne. Samba Sy fustige une récente séance de questions au gouvernement, organisée « dans la précipitation », qu’il qualifie d’épisode « tragi-comique » ayant porté atteinte à la crédibilité de l’institution.
Coût de la vie : des mesures jugées cosmétiques
Enfin, le FDR dénonce le décalage entre le discours officiel et le vécu quotidien des Sénégalais. Alors que l’économie traverse une zone de turbulences, certains responsables afficheraient, selon l’opposition, un train de vie ostentatoire, fait de voyages en jet privé et de véhicules de luxe.
Quant aux récentes baisses de prix annoncées par le gouvernement, elles sont qualifiées de « cosmétiques ». Le Front s’interroge notamment sur le différentiel du prix du carburant : 820 FCFA le litre de super en Côte d’Ivoire depuis novembre 2025, contre 920 FCFA au Sénégal en décembre, malgré un baril oscillant entre 60 et 65 dollars depuis 2024. Le FDR réclame une réduction substantielle et durable des prix de l’énergie, susceptible d’alléger réellement le fardeau des ménages.
À travers cette sortie médiatique, le Front pour la Défense de la Démocratie et de la République entend installer le débat sur la gouvernance actuelle et prévenir, selon ses termes, contre « les risques d’instabilité politique et institutionnelle » qui pèseraient sur le pays.
