Journée Mondiale du Rein : Bien Vivre Avec Une maladie Rénale – Par Pr Boucar DIOUF*

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SENTV : A l’instar de la communauté néphrologique internationale, le Sénégal célèbre la journée mondiale du rein (JMR) ce 11 mars 2021.
Le comité directeur de la Journée mondiale du rein a déclaré 2021 l’année « Bien vivre avec une maladie rénale ». Ce thème a été retenu afin d’accroître à la fois l’éducation et la sensibilisation à la gestion efficace des symptômes et à la responsabilisation des patients, avec pour objectif ultime d’encourager la participation à la vie.

S’il est important de prendre des mesures efficaces pour prévenir les maladies rénales et leur progression, les patients atteints de maladies rénales – y compris ceux qui dépendent de la dialyse et de la transplantation – et leurs partenaires soignants devraient également se sentir soutenus, en particulier pendant les pandémies et autres périodes difficiles, par les efforts concertés des services de soins rénaux.

En raison de contraintes particulières, la célébration populaire au Sénégal est reportée à une date ultérieure.
Cependant, en ma qualité de président de la Société Sénégalaise de Néphrologie (SOSENEPH), et au nom de cette dernière, et à celui de l’Association Sénégalaise des Hémodialysés et Insuffisants rénaux (ASHIR), je tiens à marquer la date par ces quelques mots.

« BIEN VIVRE AVEC UNE MALADIE RENALE » tel est thème de la Journée de cette année 2021 . Le thème concerne les personnes présentant une maladie rénale, qu’elles aient ou non atteint le stade d’insuffisance rénale. Parmi les insuffisants rénaux nous comptons : ceux qui ne sont pas encore en dialyse, ceux qui sont en hémodialyse, ceux qui sont en dialyse péritonéale, et ceux qui ont une transplantation rénale. A tous ceux-là, à leur famille et proches, à leurs soignants, nous rendons hommage en ce jour solennel.

Pourquoi le thème de cette année est important ?

Etre diagnostiqué d’une maladie rénale peut représenter un énorme défi, tant pour le patient que pour son entourage. Le diagnostic et la prise en charge de cette maladie, en particulier à un stade avancé, ont de graves répercussions sur leur vie. En effet la maladie réduit leur capacité, ainsi que celle de leur famille et de leurs amis, à participer aux activités quotidiennes comme le travail, les voyages et la vie sociale. Les nombreux effets secondaires, tels que la fatigue, la douleur, la dépression, les troubles cognitifs, les problèmes gastro-intestinaux et les troubles du sommeil en sont les causes.

Le statu quo actuel dans la gestion et le traitement des maladies rénales vise à prolonger la longévité du malade en préservant, restaurant ou remplaçant la fonction rénale ou en la soulageant, indépendamment de l’efficacité de la gestion globale des maladies rénales.
Cette approche centrée sur la maladie peut être inadéquate car elle ne reflète pas de manière satisfaisante les priorités et les valeurs des patients.
Les personnes atteintes d’une maladie rénale aspirent, avant tout, à vouloir bien vivre, à conserver leur rôle et leur fonction au sein de la société, tout en conservant un semblant de normalité et un sentiment de contrôle sur leur santé et leur bien-être.

Pour que les patients vivent mieux

L’approche du statu quo supprime également le pouvoir d’action des patients, car ils ne participent pas de manière significative à la gestion et au traitement de leur maladie. Les patients ont donc souvent l’impression que le traitement leur est imposé, qu’il est punitif et qu’il échappe à leur contrôle.
Pour que les patients vivent mieux avec leur maladie tout en restant engagés et réceptifs à l’égard de leur traitement et améliorent ainsi les résultats cliniques, ils doivent sentir que leurs symptômes sont efficacement gérés. Ils doivent aussi être intrinsèquement motivés à devenir des participants actifs à leur traitement. Des efforts ont été faits quant à la prise en charge des maladies rénales. Cependant beaucoup reste à faire pour le bien vivre des patients.

Il est tout aussi important que les patients et leurs soignants participent à la vie des structures de santé, plutôt que de se sentir accaparés et limités par l’approche actuelle du traitement des maladies rénales.

Les maladies rénales, faites-vous dépister ! 

Les pathologies rénales sont des maladies silencieuses et insidieuses, ne provoquant que peu de douleurs ou de symptômes. Il est donc essentiel de se faire dépister de façon précoce, pour assurer une prise en charge appropriée.
Améliorons le dépistage des maladies rénales.
Au Sénégal une enquête dans la région de Saint Louis fait état d’une incidence de 4,9% d’insuffisants rénaux. Cependant nous n’avons pas encore de données nationales sur les statistiques des maladies rénales. Hors ces données sont indispensables pour une bonne planification.
Une fois déclarées, les pathologies rénales sont compliquées à traiter et nécessitent une surveillance accrue. C’est pourquoi le dépistage et la prise en charge précoces doivent intégralement être une partie du système de santé et de l’activité des équipes cadres.
Le dépistage annuel est recommandé pour les personnes à partir de 40 ans, quelles soient à risque ou non. Ce dépistage est rapide et non invasif ; il se fait à partir d’une analyse d’urine, d’une prise de sang et d’une échographie. Il ne présente donc aucun risque pour les personnes.
La prévention primaire passe par le respect de ces 9 règles d’or :
• 1- Pratiquer au moins 30 mn d’exercices physiques par jour.
• 2- Contrôler régulièrement votre glycémie
• 3- Surveiller votre tension artérielle
• 4- Manger sainement et éviter le surpoids et l’obésité
• 5- Maintenir un apport en liquides adéquat
• 6- Réduire votre consommation de sel
• 7- Ne pas fumer
• 8- Eviter l’automédication
• 9- Contrôler l’état de vos reins si vous êtes sujet à risque (diabète, HTA, obésité, fumeur, antécédents personnels ou familiaux de néphropathie, âge avancé).

L’insuffisance rénale

L’insuffisance rénale, une pathologie insidieuse mais bien réelle. C’est une étape évolutive lors des maladies rénales. Donc on peut avoir une maladie rénale sans avoir une insuffisance rénale.
L’insuffisance rénale correspond à une réduction des fonctions primitives des reins : régulation de la composition des liquides du corps (milieu intérieur), épuration et l’élimination des déchets présents dans le corps (déchets produits ou introduits dans le corps), sécrétion d’hormones utiles pour le sang (Erythropoïétine), pour les os (Vitamine D active), pour la tension artérielle (Rénine).
Cette perte d’efficacité rénale conduit à des conséquences néfastes qui évoluent en plusieurs stades (de 1 à 5). Lors des stades 1 à 4 le traitement conservateur est préconisé et permet de retarder l’évolution voire de stabiliser la maladie. C’est pourquoi le diagnostic d’insuffisance rénale ne doit pas être source de découragement. Au stade 5, le patient a un besoin impératif de dialyse ou de transplantation rénale.

*Professeur Boucar DIOUF
Président de la SOSENEPH
Monsieur Ameth SARR
Président de l’ASHIR

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