Justice sous pression ? L’Union des magistrats défend Ousmane Diagne et rappelle les lignes rouges

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SENTV : Face à la polémique grandissante sur une supposée immixtion de l’exécutif dans les affaires judiciaires, l’Union des magistrats du Sénégal (UMS) est sortie de sa réserve pour soutenir le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, et réaffirmer l’indépendance de la magistrature.

Invité de la Radio Futurs Médias (RFM) ce mercredi, le président de l’UMS, Ousmane Chimère Diouf, a tenu à clarifier les responsabilités respectives du pouvoir exécutif et des magistrats dans la conduite de la justice. « La politique pénale est une prérogative du Gouvernement, cela ne fait aucun doute », a-t-il rappelé. « Mais son application relève exclusivement des magistrats. Chacun reste dans son couloir. »

Une ligne de défense claire en faveur du Garde des Sceaux
Le syndicat des magistrats a salué la position publique assumée par Ousmane Diagne, lors de la séance plénière du 21 février dernier à l’Assemblée nationale. Interpellé sur des retards dans le traitement de certains dossiers sensibles, le ministre avait alors déclaré que « le temps de la justice n’est pas celui des hommes », soulignant la nécessité de respecter les procédures et la rigueur judiciaire, loin des pressions politiques ou médiatiques.

Cette sortie, loin d’être anodine, a été interprétée comme une réponse directe aux critiques du Premier ministre Ousmane Sonko, qui, dans plusieurs discours, avait dénoncé la lenteur et l’inaction supposée de la justice dans certains dossiers de l’ancien régime.

Pour l’UMS, cependant, la temporalité judiciaire ne peut être dictée par l’agenda politique :

« La justice ne se précipite pas. Elle juge dans la sérénité. Aucun magistrat ne devrait céder à une quelconque pression, quelle que soit son origine », a martelé Ousmane Chimère Diouf.

Parquet, siège et pouvoir exécutif : une séparation des rôles réaffirmée
Répondant aux accusations d’instrumentalisation, le président de l’UMS a tenu à rappeler la distinction fondamentale entre les magistrats du parquet – soumis à l’autorité du ministre de la Justice – et ceux du siège, qui jugent en toute indépendance :

« Oui, le ministre peut orienter l’action publique via le parquet. Mais une fois que l’affaire est devant un juge, l’exécutif n’a plus de main sur le processus. »

Cette clarification vise à éviter l’amalgame fréquent dans les débats publics, où l’on confond souvent instruction des affaires, décisions judiciaires et rôle politique.

Une justice entre attentes citoyennes et exigences d’impartialité
En toile de fond, c’est la confiance du public envers l’appareil judiciaire qui est en jeu. L’UMS s’inquiète d’une interprétation à géométrie variable des décisions judiciaires :

« Quand un jugement est perçu comme favorable, on applaudit l’indépendance. Mais dès qu’il déplaît, on crie à la manipulation. Ce deux poids, deux mesures fragilise la crédibilité de la justice », déplore Ousmane Chimère Diouf.

Alors que les chantiers judiciaires se multiplient dans un climat post-électoral sous haute tension, l’UMS appelle à préserver les fondements républicains de la justice sénégalaise : indépendance, impartialité, et respect des procédures. Un message fort, dans un contexte où les attentes citoyennes en matière de justice transitionnelle et de lutte contre la corruption sont à leur comble.

Le syndicat des magistrats réaffirme ainsi son engagement pour une justice libre et responsable, loin des slogans et des interférences.

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