Après le double attentat qui a endeuillé les chrétiens égyptiens le dimanche des Rameaux, le pape semble bien décidé à maintenir son voyage fin avril dans ce pays.« À ma connaissance, le pape maintient son voyage », a affirmé le cardinal Jean-Louis Tauran ce 10 avril. Ce ne sera évidemment pas un voyage sans dangers, mais pour le pape, les enjeux sont trop importants. Et ce quand bien même Jean-Louis Tauran, chargé du dialogue interreligieux, considère lui qu’il faut peser le pour et le contre. Le contre étant, bien sûr, le risque d’autres attentats lors de la messe que donnera François, par exemple.
« Savoir si l’on peut rassembler des milliers de personnes qui pourraient être l’objet d’un attentat, il faut peser le pour et le contre, confie le cardinal Tauran. C’est évident et c’est une question que le pape se pose. Connaissant le pape, je pense qu’il va y aller. Le dialogue islamo-chrétien a besoin de cette normalisation des relations entre le Saint-Siège et l’université Al-Azhar et puis pour visiter aussi la communauté chrétienne qui passe par des moments difficiles. »
Promouvoir le vivre ensemble entre les deux religions
Parmi les sujets majeurs, il y aura donc le dialogue interreligieux, avec l’imam d’Al-Azhar, qui fera office de symbole, même si tout n’est pas rose derrière la belle affiche. « Le message c’est que oui, il est possible de vivre ensemble, chrétiens et musulmans peuvent vivre ensemble, dans la mesure où tous les croyants sont des citoyens. On doit apporter à la société dans laquelle on vit des valeurs qui font que la société devient un lieu où l’on peut s’épanouir à égalité », poursuit Jean-Louis Tauran.
Figurera aussi au menu du déplacement papal la poursuite du rapprochement avec les orthodoxes, avec leur patriarche Tawadros II, qui partage avec le pape une même vision de l’unité par le sang des martyrs.
Et il y aura, enfin, l’enjeu du renforcement de la protection des chrétiens égyptiens, lors de la rencontre avec le président Al-Sissi. Et c’est peut-être sur ce point que l’ouverture actuelle est la plus grande, et la plus prometteuse. Au point que le Saint-Père n’ait pas beaucoup hésité à maintenir son voyage, malgré les risques. « Quand j’ai vu les premières nouvelles, le mot qui m’est venu spontanément à l’esprit c’est abjection, parce qu’on est vraiment dans un abime et il n’y a vraiment aucune philosophie, aucune religion qui puisse justifier des choses aussi terribles », conclut l’ecclésiastique français.
RFI