Mendicité des mineurs et étrangers : l’État sénégalais serre la vis, un plan musclé annoncé pour octobre

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SENTV : Face à une mendicité persistante et souvent instrumentalisée, notamment impliquant des enfants et des ressortissants étrangers, le gouvernement sénégalais passe à la vitesse supérieure. Lors du Conseil des ministres du mercredi 23 avril, le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé la préparation d’une stratégie nationale de lutte contre ce fléau, avec une échéance fixée à fin octobre 2025.

Selon les termes du communiqué lu par Amadou Moustapha Njekk Sarré, porte-parole du gouvernement, la stratégie visera à appliquer rigoureusement les lois existantes, tout en introduisant des mesures opérationnelles et diplomatiques adaptées à la complexité du phénomène.

Une approche multisectorielle pour en finir avec l’impunité

Le Premier ministre a rappelé que la législation sénégalaise est déjà claire : la mendicité, le vagabondage et leur exploitation sont pénalement réprimés. Pourtant, la prolifération du phénomène, notamment autour des écoles coraniques dites daara non réglementées, alimente l’inquiétude publique.

Ainsi, les ministères de la Justice, de la Famille, de l’Intérieur, des Forces armées et des Affaires étrangères ont été mandatés pour soumettre un plan cohérent d’ici octobre. Ce plan devra intégrer :

  • L’opérationnalisation d’une Brigade spéciale de protection des mineurs, chargée d’identifier les parents ou tuteurs des enfants en situation de rue et de lancer les poursuites nécessaires ;

  • La gestion diplomatique de la mendicité étrangère, avec des mécanismes de concertation pour un retour organisé des ressortissants impliqués, ainsi que l’application ferme des mesures d’éloignement après condamnation.

Objectif zéro enfant dans la rue : un impératif constitutionnel

Outre les questions sécuritaires, le chef du gouvernement a mis l’accent sur l’urgence sociale et morale que constitue la présence massive d’enfants dans la rue. Décrivant cette situation comme une « violation grave des droits de l’enfant garantis par la Constitution et les conventions internationales », Ousmane Sonko a souligné la nécessité d’un changement de paradigme.

Malgré la mise en œuvre de projets comme « Zéro enfant en situation de rue » ou la « Stratégie de protection de l’enfant », les résultats restent insuffisants. Un constat d’échec qui pousse le gouvernement à proposer une approche plus radicale et inclusive.

Des assises pour bâtir des solutions durables

Le Premier ministre a proposé au chef de l’État l’organisation d’Assises de la petite enfance, avec pour ambition de réunir l’ensemble des acteurs étatiques, religieux, associatifs et communautaires autour de solutions structurelles. Ces assises devront reposer sur un diagnostic clair des freins actuels à l’éradication du phénomène, et poser les bases d’une réinsertion socio-économique durable pour les enfants concernés.

En annonçant ce tournant stratégique, l’État sénégalais affirme sa volonté de rompre avec l’inaction et de réaffirmer la primauté de l’État de droit dans la protection des plus vulnérables. Reste à voir si les prochaines étapes permettront d’allier fermeté, humanité et efficacité, sans stigmatiser les communautés concernées.

La rédaction de la SENTV.info 

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