SENTV : Paul Biya, président sortant et figure centrale de la vie politique camerounaise depuis plus de quatre décennies, arrive en tête de l’élection présidentielle du 12 octobre, selon les résultats provisoires annoncés ce lundi par la Commission nationale de recensement général des votes. Le candidat du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) aurait recueilli 53,66 % des suffrages exprimés, loin devant ses principaux challengers.
Arrivé en deuxième position, Issa Tchiroma Bakary, soutenu par la coalition Union pour le changement 2025, obtient 35,19 % des voix. Cabral Libii, porte-drapeau du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), recueille 3,41 %, tandis que Bello Bouba Maïgari, figure historique du paysage politique, ferme la marche avec 2,45 %.
Les résultats ont été compilés à partir des procès-verbaux transmis par les 58 commissions départementales, avant d’être centralisés par la Commission nationale, composée de 33 membres issus de l’administration, des partis politiques et de la société civile. Ce rapport doit désormais être transmis au Conseil constitutionnel, seule instance habilitée à proclamer les résultats définitifs.
La proclamation de ces chiffres intervient dans un climat de méfiance généralisée. Plusieurs observateurs nationaux et internationaux ont fait état d’irrégularités dans certaines régions, notamment dans les zones anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où l’insécurité et les tensions séparatistes ont fortement perturbé le déroulement du scrutin.
Des requêtes en contentieux électoral auraient déjà été déposées auprès du Conseil constitutionnel par certains partis de l’opposition, évoquant des cas de fraudes, de bourrages d’urnes et de menaces sur les électeurs. Le Conseil dispose de quelques jours pour instruire ces plaintes et doit rendre sa décision finale jeudi prochain.
À 92 ans, Paul Biya semble donc en passe de décrocher un huitième mandat consécutif, après avoir accédé au pouvoir en 1982. Si sa victoire se confirmait, elle prolongerait l’un des règnes présidentiels les plus longs du continent africain et du monde. Ses soutiens saluent une continuité nécessaire à la stabilité du pays, tandis que ses détracteurs dénoncent une confiscation du pouvoir et une absence d’alternance démocratique.
Dans les jours à venir, les regards resteront braqués sur le Conseil constitutionnel, alors que les appels à la transparence et à la paix se multiplient, tant à l’intérieur du pays que de la part de la communauté internationale.
La rédaction de la SENTV.info