A la lecture du sort qui a été fait à Yaya Jammeh, il ressort que nous autre sénégalais devrions mieux nous connaitre nous-mêmes, et savoir en quelle estime nous tiennent nos voisins.
En effet, ce n’est pas un hasard si nos deux voisins frontaliers au nord et au sud ont été les seuls présidents à se déporter en Gambie pour convaincre Yaya Jammeh de quitter le pouvoir sur ses deux pieds, et lui servir de bouclier humain pour le préserver d’une éventuelle menace de l’armée de la CEDEAO venue lui signifier la fin de la récréation.
La Mauritanie ne s’est jamais cachée d’afficher un mépris froid à notre encontre. Depuis l’époque du dictateur Ould taya dont les poussées de colère ont porté un coup de frein à la réalisation du Canal du Cayor jusqu’au président actuel Mohamed Ould Abdel Aziz qui s’est rangé ostensiblement du côté de la République Sahraoui, dès que le Sénégal a marqué son soutien au Maroc dans le dossier du Sahara Occidental.
Et pour ne rien arranger des choses, nous sommes liés à jamais par le pétrole et le gaz, et la Mauritanie n’a pas hésité dès le début à exprimer ses velléités d’accueillir sur son territoire l’essentiel des infrastructures de traitement et de valorisation de ce fameux or noir.
Aujourd’hui, en s’investissant dans le dossier gambien au nez et à la barbe de l’initiative de la CEDEAO, elle entend affirmer son statut de puissance régionale avec laquelle il faudra compter, surtout qu’elle compte se doter des moyens militaires de peser sur la scène régionale, pour contester le leadership sénégalais fort de son ancrage dans la CEADEO.
C’est mal parti donc pour la candidature d’Abdoulaye Bathily, car notre pays dérange au plus haut point tous les dinosaures qui s’accrochent au pouvoir et tiennent à le marquer au Sénégal fort de ses alternances renouvelées, en ne le soutenant pas.
Surtout que le président Alpha Condé n’a jusqu’à présent pas digéré les bonnes dispositions du Sénégal envers Cellou Dallein Diallo, son challenger hal pulaar qu’il honnit particulièrement, d’autant plus que par un malheureux hasard notre président est hal pulaar aussi, la même ethnie qu’Adama Barrow !
Quand l’on sait que M. Condé a toutes les chances de se faire succéder par M. Diallo, il perçoit comme une menace intérieure et extérieure cette connotation ethnique contre laquelle il entend ferrailler. Ce n’est donc pas un hasard si ce monsieur a décidé de nous faire un pied de nez et de marquer sa distance vis-à-vis de l’initiative de la CEDEAO en se gardant de saluer son intervention militaire contre laquelle il a opposé sa propre personne pour protéger Yaya Jammeh. Et pour être sûr que son message soit compris, il a reçu la communauté…soninké !
Le message est donc passé.
Le reste de l’Afrique observe avec condescendance, car il est vrai que notre pays modèle de stabilité politico sociale gêne et est la mauvaise conscience de nos frères africains.
De la Guinée Conakry jusqu’aux confins du Cameroun en effet, il n’y a aucun dirigeant africain qui ose lever le plus petit doigt pour condamner Yaya Jammeh ou marquer son soutien à la CEDEAO et par ricochet au Sénégal. Ces dinosaures veulent tous mourir au pouvoir ou se faire succéder par leurs fils. La chute de Yaya Jammeh est donc une horrible nouvelle pour eux tous, et chacun d’entre eux prie pour que cela ne donne des idées à son peuple, tout en maudissant le Sénégal !
Dans un contexte géopolitique des plus instables avec tous les risques de déstabilisation de la sous région, nous avons intérêt à rester davantage sur nos gardes, et à marquer sans hésitation notre solidarité au Président Macky Sall concernant le leadership diplomatique de notre pays, que nous devons tous célébrer avec force avec faste et avec détermination, comme pour dire clairement aux tyrans et autres apprentis dictateurs qui nous regardent de travers que nous sommes unis comme un seul homme, et que nous sommes « le fils de l’écume du lion, tranquilles », et indifférents à leurs frustrations d’amoureux éconduits !
La vigueur de notre débat politique doit renseigner suffisamment nos voisins sur notre attachement à la liberté et aux valeurs démocratiques. Sur ce point le Sénégal ne reculera jamais devant toute mission à lui confiée par la communauté internationale.
Et c’est pourquoi nous tirons notre chapeau au Président Macky Sall et à la diplomatie sénégalaise pour toute la vista avec laquelle ce dossier Yaya Jammeh a été géré sans fioritures, pour le bénéfice exclusif du peuple frère de Gambie.
Cissé Kane NDAO
Président A.DE.R