Santé publique : Les nuits meurtrières des hôpitaux en question

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SENTV : La question de la mortalité nocturne dans les hôpitaux publics sénégalais refait surface et soulève de vives inquiétudes. Ce mardi, lors du lancement de la Revue annuelle conjointe 2025 du ministère de la Santé et de l’Action sociale, un constat alarmant a été partagé : la majorité des décès hospitaliers se produisent entre 19h et 6h. Une donnée qui pousse à s’interroger sur l’efficacité du système de garde dans les structures sanitaires publiques.

Le ministre de la Santé, Ibrahima Sy, a reconnu l’ampleur du problème, répondant ainsi à de nombreuses interpellations citoyennes. « Ce n’est pas tant le taux de mortalité global qui est préoccupant, mais bien les heures où ces décès surviennent. Si les citoyens nous adressent ces constats par écrit, cela traduit une faille réelle dans notre système », a-t-il déclaré, visiblement préoccupé.

Des carences structurelles et humaines pointées du doigt

Les nuits dans les hôpitaux publics sénégalais seraient-elles devenues synonymes de danger accru pour les patients ? Si aucune donnée nationale consolidée n’a encore été officiellement publiée, les témoignages convergent : les équipes de nuit, souvent réduites, peinent à assurer un suivi optimal. Le manque de personnel qualifié, l’insuffisance de matériel médical en service de garde et la faiblesse de la supervision sont des facteurs évoqués par plusieurs professionnels de santé.

« Il faut identifier clairement les dysfonctionnements, qu’ils soient organisationnels, logistiques ou liés à la répartition des ressources humaines », a insisté le ministre Sy. L’enjeu est de taille : il s’agit de restaurer la confiance dans le système hospitalier et de garantir l’équité des soins à toute heure.

Un paradoxe dans un contexte de modernisation

Cette alerte intervient alors même que le ministère met en avant plusieurs avancées : digitalisation progressive des services, amélioration de la couverture sanitaire, et renforcement des dispositifs de veille épidémiologique. Pourtant, les défis restent nombreux. La lenteur dans l’exécution des projets d’infrastructure, la difficulté à mobiliser durablement les ressources financières, et la rétention fréquente des données hospitalières freinent la montée en performance du système.

La Revue annuelle a ainsi permis de faire un bilan contrasté : des progrès certes visibles, mais largement entachés par des lacunes structurelles persistantes, notamment durant les heures creuses. Les partenaires techniques et financiers, présents à la rencontre, ont eux aussi souligné la nécessité d’un renforcement des capacités des services de garde, souvent négligés dans les politiques d’investissement.

Un signal d’alarme à ne pas ignorer

Au-delà des constats, les autorités sanitaires sont désormais attendues sur des mesures concrètes. Renforcer les effectifs de nuit, assurer une présence médicale constante, améliorer les circuits d’urgence… autant de pistes à explorer pour éviter que la nuit continue de rimer avec risque accru de décès dans les hôpitaux sénégalais.

La rédaction de la SENTV.info 

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