Sénégal–Mauritanie : Première exportation de GNL, un tournant stratégique vers la souveraineté énergétique
SENTV : Le Sénégal et la Mauritanie ont officiellement rejoint le cercle restreint des pays exportateurs de gaz naturel liquéfié (GNL), avec l’envoi inaugural de leur première cargaison issue du projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA), situé en offshore, à la frontière maritime entre les deux nations. Cette annonce a été faite par le ministère sénégalais de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, qui qualifie l’événement de « jalon historique » pour la sous-région.
Fruit d’une coopération binationale exemplaire et d’un partenariat industriel d’envergure internationale, le projet GTA est réalisé par un consortium composé de BP, Kosmos Energy, Petrosen (Sénégal) et SMH (Société Mauritanienne des Hydrocarbures). Ce projet pharaonique, à cheval entre les deux pays, ambitionne de transformer durablement le paysage énergétique ouest-africain.
Le point d’orgue de cette dynamique a été franchi le 31 décembre 2024, avec le « First Gas », moment symbolique marquant le début de l’extraction. Ce cap a été suivi par le démarrage, le 9 février 2025, de la production de GNL à bord du FLNG Gimi, un navire flottant de liquéfaction stationné au Hub Terminal, capable de traiter près de 2,5 millions de tonnes de GNL par an dans sa phase initiale.
Une ambition énergétique partagée
Au-delà des prouesses technologiques et logistiques, cette première exportation est le résultat d’une stratégie de long terme, combinant diplomatie énergétique, investissements massifs et innovation. « C’est une démonstration de notre capacité à nous hisser au rang des nations énergétiques majeures tout en garantissant une exploitation responsable de nos ressources », a déclaré une source officielle proche du ministère de l’Énergie sénégalais.
Pour les deux États, le projet GTA s’inscrit dans une logique de diversification énergétique, de sécurisation des approvisionnements et de valorisation locale des ressources. Le Sénégal, notamment, voit dans cette avancée un levier pour renforcer son indépendance énergétique tout en soutenant sa transition vers des énergies plus propres, dans le respect de ses engagements climatiques.
Un modèle de gouvernance et de coopération régionale
Le succès du projet GTA repose également sur une gouvernance partagée et une coordination transfrontalière inédite en Afrique de l’Ouest. Le cadre juridique, défini par l’accord de coopération intergouvernementale signé en 2018, a permis une gestion équitable des bénéfices, mais aussi une mutualisation des efforts en matière de sécurité, de fiscalité et de gestion environnementale.
Cependant, les autorités insistent : ce succès doit être un point de départ et non une finalité. La priorité reste de garantir que les retombées économiques profitent aux populations locales, notamment à travers la création d’emplois, la formation de techniciens, et le développement d’infrastructures connexes. Une vigilance est également de mise pour assurer une redistribution équitable des revenus et une gestion durable des ressources.
Une entrée remarquée sur le marché mondial
Avec cette première cargaison, le Sénégal et la Mauritanie s’inscrivent désormais dans la dynamique mondiale du GNL, un marché en pleine mutation où la demande reste forte, en particulier en Asie et en Europe, soucieuses de diversifier leurs sources d’approvisionnement face aux tensions géopolitiques.
En conclusion, le lancement des exportations de GNL à partir du champ GTA marque bien plus qu’une simple étape industrielle : il symbolise l’émergence de l’Afrique de l’Ouest comme acteur énergétique stratégique, capable d’allier performance, durabilité et coopération régionale. Un modèle à suivre pour le continent.
La rédaction de la SENTV.info
