SENTV : L’ombre d’une poursuite judiciaire plane désormais sur Aminata Mimi Touré, ancienne Première ministre et ex-présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE), après la transmission par l’Agent judiciaire de l’État (AJE) au Pool judiciaire financier (PJF) d’un rapport de l’Inspection générale d’État (IGE) l’incriminant pour sa gestion de cette institution, a appris la presse sénégalaise.
Ce document, datant de 2023 et validé sous l’ancien régime de Macky Sall, a été remis officiellement par le Premier ministre Ousmane Sonko à la justice dans le cadre du principe de « continuité de l’État », a expliqué ce dernier lors d’une séance de questions d’actualité à l’Assemblée nationale vendredi dernier. Sonko a défendu sa décision en déclarant qu’il n’avait « aucun doute » sur la transmission du rapport au PJF, tout en soulignant que son rôle n’était pas de déterminer la culpabilité mais de remettre le dossier aux autorités judiciaires compétentes.
Pour le juriste et professeur agrégé Mouhamadou Bâ, cité par L’Observateur, la saisine du parquet ouvre « inévitablement » la voie à une enquête préliminaire, comprenant auditions et actes d’investigation destinés à établir des indices avant une éventuelle transmission à un juge d’instruction. Si le dossier franchit cette étape, il pourrait être instruit formellement pour déterminer l’existence d’infractions potentielles liées à la gestion du CESE.
Un dossier sensible au sommet de l’État
La révélation de ce rapport n’a pas seulement des implications judiciaires mais relance aussi des tensions politiques latentes. Certains analystes estiment que la procédure pourrait raviver les divergences entre le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, Ousmane Sonko, malgré les tentatives officielles d’apaisement entre les deux hommes.
Des voix critiques, comme celle du professeur Demba Guèye, ont jugé que les déclarations de Sonko autour de l’affaire ont « ôlé toute crédibilité à la procédure », ajoutant une dimension politique au débat sur la transparence et l’indépendance de l’action judiciaire sénégalaise.
L’ouverture potentielle d’une enquête contre Mimi Touré place l’ancienne cheffe du gouvernement dans une situation de forte incertitude politique et judiciaire. Si elle nie toute irrégularité, comme elle l’a déjà fait publiquement par le passé en affirmant que la justice ne devrait subir aucune pression extérieure, la dynamique actuelle laisse entrevoir des jours complexes pour sa carrière.
L’évolution de ce dossier dépendra désormais de la manière dont le PJF et, le cas échéant, un juge d’instruction traiteront les éléments du rapport de l’IGE – un processus qui pourrait durer plusieurs semaines, voire des mois, tout en étant scruté de près par l’opinion publique et les acteurs politiques nationaux.