Touba, carrefour du savoir vivant : Tariq Ramadan salué par l’exemplarité spirituelle de la cité mouride

SENTV : En visite à la prestigieuse bibliothèque Cheikhoul Khadim, au cœur de la ville sainte de Touba, l’intellectuel musulman Tariq Ramadan a livré un témoignage empreint d’émotion, qualifiant son expérience d’« immersion dans un modèle spirituel et intellectuel unique en son genre ».

Accueilli par des membres éminents de la hiérarchie mouride, le penseur suisse a découvert les fondements d’un système éducatif centré sur la fidélité au Coran, à la tradition prophétique, mais aussi à une éthique du savoir tournée vers l’action.

« À Touba, le Coran n’est pas un texte figé. Il est vécu, pratiqué, incarné dans la vie quotidienne. Ici, le texte sacré devient vivant », a-t-il déclaré à la presse.

Une spiritualité structurée autour du savoir

La visite a mis en lumière la rigueur de l’approche mouride du savoir, qui articule trois dimensions essentielles : la mémorisation, la compréhension et la mise en pratique. Tariq Ramadan a salué cette pédagogie enracinée dans l’héritage de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme, qu’il décrit comme « une tradition d’apprentissage où la science n’est pas séparée de la spiritualité ni de l’éthique ».

Les échanges avec les enseignants, les élèves et les responsables institutionnels ont révélé un modèle éducatif original, où les sciences religieuses cohabitent avec les savoirs utiles, dans une vision globale du service communautaire

« Ce que j’ai vu ici dépasse le simple cadre d’un enseignement religieux. C’est un projet civilisationnel en acte », a-t-il affirmé.

La bibliothèque Cheikhoul Khadim, symbole d’une mémoire vivante

La grande bibliothèque de Touba, l’une des plus importantes du Sénégal en matière de manuscrits islamiques, a particulièrement impressionné l’islamologue. Abritant des milliers d’ouvrages anciens, souvent rédigés ou copiés par les disciples de Cheikh Ahmadou Bamba, l’institution représente, selon Ramadan, « un exemple de préservation du patrimoine intellectuel africain, souvent méconnu mais d’une richesse inestimable ».

Il a également visité des établissements d’enseignement supérieur affiliés à la confrérie, où l’on tente d’unir la modernité académique à la profondeur spirituelle. Il y a vu « une volonté claire de conjuguer rigueur intellectuelle et élévation spirituelle dans un même geste éducatif ».

Un hommage à la jeunesse et à la fidélité prophétique

Au terme de sa visite, Tariq Ramadan a tenu à rendre hommage aux jeunes mourides engagés dans la voie du savoir, ainsi qu’aux enseignants qui perpétuent l’héritage du fondateur du mouridisme :

« Le Prophète n’a pas seulement appelé à croire, il a appelé à agir selon ce que l’on sait. À Touba, ce message est pris au sérieux, et cela se voit dans chaque geste, chaque regard. »

Il a conclu son allocution par un appel à l’écoute de ce modèle, qu’il considère comme une « résistance éthique face aux dérives matérialistes contemporaines ».

Touba, fondée en 1887 par Cheikh Ahmadou Bamba, est aujourd’hui le centre névralgique de la confrérie mouride, l’une des plus influentes du Sénégal. Elle abrite la grande mosquée de Touba, la bibliothèque Cheikhoul Khadim et plusieurs institutions éducatives d’envergure. Le Magal de Touba, événement religieux annuel, rassemble chaque année plusieurs millions de pèlerins.

La rédaction de la SENTV.info