Chavirement de pirogue à Kafountine : Le film de la tragédie déroulé par des témoins.

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SENTV : Après l’attaque de Melilla, un autre drame de migrants a plongé le Sénégal dans l’émoi et la consternation. En effet, une pirogue de migrants en partance pour l’Espagne a chaviré au large de Kafountine, faisant pas moins de 14 morts déjà identifiés et des dizaines de disparus. Au lendemain de ce drame, des témoins retracent le film de la tragédie.

Joseph Sylla Sambou fait partie des premières personnes à fouler du pied les lieux de l’accident. Il a été alerté par une rescapée qui a réussi à sortir de l’eau. « Quand l’accident s’est produit je suis le premier à arriver sur les lieux. Ce sont des gens qui m’ont trouvé ici en train de raccommoder des filets, c’est eux qui m’ont dit qu’une pirogue a chaviré au niveau du bolong. J’ai alerté les sapeurs-pompiers, ensuite j’ai appelé la mairie de Kafountine pour qu’on puisse aller ensemble sauver les gens.

Sur place, la marée était haute, on a trouvé des gens gravement blessés avec des brûlures extrêmes. Les gens se refugiaient un peu partout dans les mangroves en criant au secours », se souvient-il encore.

Augustin Diatta, pêcheur de son état, a été lui aussi au centre des opérations de secours. Sa pirogue a aidé à sortir les rescapés de l’eau et ramener des corps sans vie sur la berge. Visiblement abattu par le choc qu’il a subi, il se confie : « il y avait des gens qui étaient brûlés au  pied et un peu partout au corps. Il y avait des corps sans vie brûlés aux pieds, ce qui les a empêché de pouvoir nager pour sortir de l’eau. D’autres corps étaient déjà dans un état de putréfaction, parce que les poissons avaient déjà commencé à les dévorer. On ne voyait que du sang…, c’était très dur! »

Fortement touché par le  choc, Augustin Diatta coupe le récit… Il est gagné par l’émotion. Finalement c’est Joseph Sylla Sambou qui terminera le récit. « On a trouvé deux femmes seulement dans la pirogue. L’une était avec sa petite fille, je ne sais pas comment elle a fait pour traverser l’eau, mais elle a réussi à sortir en tenant sa fille aux épaules. C’est elle d’ailleurs qui m’a confirmé que l’accident est terrible.

D’après les témoignages, la pirogue avait stationné sur la bande de sable pendant plus d’une semaine pour accueillir les candidats qui venaient de partout. Et c’est au moment de préparer le thé dans la nuit du dimanche au lundi que surviendra le drame. Ce rescapé sous couvert de l’anonymat retrace les faits. « Il y avait des gens qui étaient en train de préparer du thé dans la pirogue. Ils avaient allumé du charbon et près du feu, il y avait des bouteilles d’essence, une des bouteilles a explosé et c’est là qu’a commencé le feu. Nous étions 160 dans la pirogue avec 600 litres d’essence à bord. L’accident s’est produit vers les coups de 21 heures le dimanche et on est resté dans l’eau jusqu’au lendemain vers 11 heures. Beaucoup de gens ne savaient pas nager. »

Aux dernières nouvelles, plus de 90 rescapés ont été recueillis, mais mercredi soir quelques jours après le drame, il ne restait que 17 personnes entre les mains de la Croix-Rouge, attendant quoi payer le transport pour regagner leurs foyers. Pas moins de 15 corps sans vie ont été repêchés et des dizaines de personnes portées disparues.

Le procureur de Ziguinchor annonce des poursuites contre les convoyeurs. Un drame qui restera longtemps dans le mémoire des rescapés et des proches des victimes…

Dakaractu

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