Comme nous vous l’avons annoncé dans notre parution du lundi 5 septembre 2016, les membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré ont été convoqués pour le lendemain à la gendarmerie. Hier mardi, une dizaine d’entre eux ont effectivement été déférés à l’interpellation puis regagné leurs domiciles après plusieurs heures d’audition dans le cadre de l’enquête sur l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Ambiance au camp Paspanga.
Le 16 juillet 2015, le Conseil national de la Transition (CNT) a voté des résolutions mettant en accusation devant la Haute Cour de justice l’ancien chef de l’Etat, Blaise Compaoré, et les membres de sa dernière équipe présents au conseil des ministres du 22 octobre 2014 qui a adopté le projet de loi portant modification de l’article 37. Ils étaient poursuivis pour : « coups et blessures volontaires, complicité de coups et blessures, assassinats et complicité d’assassinats ».
Quelque vingt-quatre mois plus tard, certains d’entre eux ont été entendus dans la même affaire par la gendarmerie dans le cadre d’une commission rogatoire.
8h. A la gendarmerie de Paspanga. En costume, en boubou basin riche, ou même en simple bras de chemise, un groupe d’interpelés font leur apparition. On y reconnaît Bongnessan Arsène Yé, Mahama Zoungrana, Toussain Abel Coulibaly, Jean Koulidiati, Baba Hama, Diemdioda Dicko et Alain Edouard Traoré. La sérénité se lit sur les visages.
Croyant que tous allaient passer par la guérite de la Garde nationale, comme nous l’avait soufflé une source, nous y avons discrètement monté la garde une trentaine de minutes plus tôt. Mauvaise pioche. Le gros de la troupe passera plutôt par le côté sud.
N’empêche, Jean Koulidiati et Mahama Zoungrana, accompagné de son épouse, arrivent par notre zone de planque. Avant de franchir le seuil d’entrée, ils devisent avec le président par intérim du CDP, Achille Tapsoba, venu « traduire sa solidarité et celle du parti à l’endroit de camarades convoqués ».
Sur l’objet de cette convocation matinale, il dit n’être pas plus informé que la presse. « Comme il s’agit d’une commission rogatoire, c’est simplement pour être entendus. On verra après leurs auditions ce qui va se profiler à l’horizon et procéder à une analyse pour éventuellement donner notre opinion », se contentera-t-il de lâcher avant d’émettre le vœu que la procédure judiciaire soit équitable et juste afin que « chacun puisse s’expliquer de la manière la plus sereine possible ». Puis de préciser : « Six ministres, dont un qui est hors du territoire, ont été convoqués ce jour mardi», les autres devant passer par vagues successives les prochains jours selon lui. Mais une fois à l’intérieur, nous nous sommes rendus compte que le tuyau du vice-président était percé, comme on dit dans le jargon de la presse. C’est par la porte qui fait face à l’état-major de la gendarmerie que sont passés la plupart des ministres pour se faire entendre. Neuf au total. Ajoutés donc aux deux autres que nous avons aperçus au niveau de l’entrée de la Garde nationale, cela fait en tout onze anciens ministres présents.
Source : Lobservateur.bf