EDITORIAL- Numérique et croissance économique, la perspective Africaine DR. CHEIKH KANTE – Ministre, auprès du Président de la République, en Charge du Suivi du PSE

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SENTV : Avec le numérique, nous vivons une nouvelle révolution qui concerne toute la planète et sans aucun doute, le monde passe d’une économie industrielle à une économie immatérielle et aucun pays n’échappe à ce phénomène.

Aujourd’hui, il est indispensable de disposer d’un parc informatique adapté et d’un bon système de télécommunication pour assurer une croissance inclusive et durable, dans un monde interconnecté et la crise de la COVID 19 le confirme.

Le numérique est devenu un enjeu majeur d’Est à l’Ouest, du Nord au Sud. Toute entreprise ou territoire qui ne s’arme pas de système numérique fiable, risque de s’autoexclure de l’activité mondiale. En effet, une absence de participation à la révolution numérique à travers les technologies de l’information et particulièrement l’internet, peut générer une marginalisation sur tous les plans, car ces technologies représentent à la fois un secteur en croissance avec une très forte valeur ajoutée et un élément fondamental pour une compétitivité.

Selon les dernières estimations de l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’internet est utilisé par plus de la moitié de la population mon- diale. En termes de proportionnalité dans sa progression, le continent Africain avance à pas de géant. En effet, dans notre continent, le pourcentage d’utilisateurs est passé de 2,1% en 2006 à plus de 30% en 2019 et l’objectif le plus important présentement pour la majeure partie des pays d’Afrique est d’accélérer la connecti- vité à haut débit pour être au diapason de cette économie numérique galopante. La portée de la pénétration de la téléphonie mobile et la dynamique du commerce en ligne favorisée par la démographie Africaine est entrain de révolutionner le commerce et selon le cabinet McKinsey & Compagny, les re- venus annuels générés par le e- commerce pourraient dépasser 75 milliards de USD en 2025. La naissance des start-ups et le développe- ment d’applications adaptées aux réalités des économies continentales, représentent d’autres indicateurs de cette timide révolution Africaine du numérique.

Le numérique est devenu un enjeu majeur. Toute entreprise ou territoire qui ne s’arme pas de système numérique fiable, risque de s’autoexclure de l’activité mondiale. Une absence de participation à la révolution numérique à travers les technologies de l’information et particulièrement l’internet, peut générer une marginalisation sur tous les plans, car ces technologies représentent à la fois un secteur en croissance avec une très forte valeur ajoutée et un élément fondamental pour une compétitivité.

Néanmoins, ces performances remarquables ne doivent pas occulter des situations très disparates où dans certaines zones géographiques, les taux de pénétration d’internet sont relativement faibles et peuvent varier entre 20% et plus de 60% selon les pays. Par ailleurs, le continent souffre d’une faible connectivité de haut débit, avec moins de 30% des populations qui y ont accès, contre 80% aux USA.

Les technologies numériques ont introduit « une mutation génétique » disait le célèbre Directeur du Medialab de MIT, Nicholas Négroponte. Il avait parfaitement raison et sa prédiction se réalise de nos jours avec les multiples utilisations que l’on peut faire à partir du téléphone mobile. C’est un objet qui sert à téléphoner évidemment, mais grâce à l’amélioration de ses fonctionnalités, de son design, au dé- veloppement de ses capacités de réseaux, il devient une sorte de couteau suisse qui permet l’envoi de texte, d’images, de données, et de sons et favorise ainsi la croissance et le développement de multiples nouveaux services.

Si le numérique a progressé dans les économies du nord en particulier grâce à l’internet depuis 1994, dans le sillage des ordinateurs et de l’informa- tique, dans les pays du Sud, le téléphone mobile relativement moins cher, s’est imposé comme porte d’en- trée au monde digital. Il rencontre un succès très particulier auprès de toutes les catégories de populations, en particulier auprès des jeunes. Dans la plupart des pays d’Afrique, le téléphone portable est devenu une mode que l’on retrouve dans les villages les plus reculés. Mêmes les mendiants des rues possèdent des téléphones portables et acheter une carte téléphonique pour communiquer figure parmi leurs priorités au quotidien.

L’élévation à un niveau d’intercon- nexion sans précèdent des popula- tions Africaines fait du numérique un accélérateur évident du développement. Le smartphone est devenu en quelques années, le premier moyen de diffusion des informations, très loin devant la presse, le nombre d’abon- nés devance celui des internautes.
L’homme d’affaire Chinois Jack MA, qui est le géant mondial du e- commerce avec Alibaba dont le chiffre d’affaire dépasse les 100 milliards de USD, a la conviction que l’internet a le pouvoir de transformer l’Afrique et COVID 19 vient de le confirmer si l’on analyse les multiples avantages qu’offre cet instrument. En effet, la technologie et l’innovation sont des éléments centraux pour libérer le vaste potentiel de croissance inclusive pouvant favoriser l’émergence du continent.
L’outil numérique est réellement un accélérateur de croissance inclusive et du développement pour plusieurs raisons.

Je me réfère à ce que Lionel Zinzou avait désigné durant notre conférence en mars 2020 à l’OCDE « les avantages de l’arriération ». Il a voulu expliquer à travers cette expression que le retard des structures de production pour une transformation structurelle n’est pas un obstacle à la diversification des activités pour peu que les fa- cilités de communication soient employées à satisfaire certaines priorités comme l’agriculture, la pêche, les commerces alimentaires, les transports, les services postaux et financiers, l’éducation et la santé entre autres.

L’internet a le pouvoir de transformer l’Afrique et COVID 19 vient de le confirmer si l’on analyse les multiples avantages qu’offre cet instrument.

La technologie et l’innovation sont des éléments centraux pour libérer le vaste potentiel de croissance inclusive pouvant favoriser l’émergence du continent. L’outil numérique est réellement un accélérateur de croissance inclusive et du développement pour plusieurs raisons.

Aussi, le numérique aide à la mobilisation des potentialités des diasporas Africaines dans une logique de transfert d’expériences professionnelles dans plusieurs qualifications. Des initiatives de toutes natures se multiplient sur le continent Africain grâce à l’outil informatique et ce phénomène s’accentue avec la crise COVID 19 ayant permis de pointer plusieurs obstacles qu’il faut absolument franchir pour exploiter au mieux certaines potentialités de notre continent. Ces obstacles concernent particulièrement le coût d’accès à l’électricité et les méthodes de gouvernance inadaptées aux impératifs de développement.

Les effets du numérique sont multiples en ce qu’ils ont un impact sur les modes d’apprentissage, sur la productivité et la compétitivité des entreprises. Ils modifient les rapports au monde en offrant l’accès à l’informa- tion et à la connaissance, ainsi que d’énormes potentialités comme le e- Banking, e- médecine, e-enseignement, e-marketing, accès aux cours : MOOC (Massive Open On Line Course).

Ainsi, dans tout le continent Africain, on constate l’émergence d’une nou- velle économie, car la lutte contre les inégalités est d’abord un grand défi. Les secteurs du numériques constituent l’un des leviers essentiels de développement pour l’Afrique, en même temps que ce continent représente une formidable opportunité pour la transformation numérique mondiale. Les nouveaux modèles qui émergent, modifient toute la chaîne de valeur des infrastructures d’usage.

En 2025, notre continent abritera prés d’un habitant de la planète sur cinq et selon l’UNICEF, 41% des naissances se produiront en Afrique. En 2050, le PIB Africain devrait être multiplié par trois. Cette création de richesse sera portée pour une très large part, grâce à l’intégration des technologies de l’information dans les différents secteurs de l’économie y compris les plus traditionnels tels que l’agriculture, la pêche, l’élevage, le commerce, mais aussi dans des activités facilitant l’accès des Africains aux services publics gouvernement) ou financier (m-paiement).le m-banking qui porte sur les différentes opérations traditionnelles comme le crédit et le m-paiement encore appelé le paiement sans contact qui simplifie pour le consommateur les transactions puisqu’ il ne faut ni code, ni numéro de compte, tout passe par la puce du téléphone ce qui, par ailleurs, permet un gain de temps et de coût pour les commerçants. Ces nouveaux services devraient aussi limiter très sérieusement la fraude aux paiements par chèque et par cartes bancaires. C’est très important pour le développement et la croissance car il y a en moyenne qu’une agence bancaire pour nés avec le numérique et les adeptes du ATAWADAC : Any Time, Any where, Any Device, Any Content (n’importe quand, n’importe où, avec n’ importe quel terminal, pour n’ importe quel contenu).
Cette dématérialisation des activités bancaires et financières est à présent dans une des phases actives. On constate que ce phénomène est mondial et se développe très rapidement dans les pays émergents et en Afrique qui compte déjà plus de 100 millions d’utilisateurs selon le Boston Consulting Group avec un chiffre d’affaire de plus d’un milliard d’eUSD et qui devrait atteindre prochainement 250 mil- lions d’usagers.

Efficacité, souplesse et sécurité sont les maîtres mots du m-banking. Il est clair pour l’usager ou le client que le développement de nouvelles relations avec son banquier et le paiement sans contact va sérieusement améliorer la structure et l’organisation des réseaux bancaires qui ne sont pas encore très développés en Afrique et qui sont essentiels pour favoriser la croissance.

Le domaine de la santé présente aussi des avancées significatives en matière de prévention, de dépistage, de traitement et d’élargissement à l’accès aux soins.

Le recours aux technologies numériques permet, tout d’abord, d’abolir les distances, de réduire les coûts et de pallier le manque de personnel ou d’infrastructures sanitaire, notamment en faveur de groupes de personnes isolées et des zones reculées.

Le développement et la croissance dans un pays consiste, comme le dit le célèbre écono- miste américain Albert Hirschman, à « naviguer par zigzag pour attein- dre le cap choisi en uti- lisant des vents favorables et des vents contraires ».

C’est ce que le numérique permet ; mais comme le précise
le philosophe romain Sénèque « il n’y a pas de vents favorables pour celui qui ne sait pas où il va ». Les Africains construiront leur propre modernité et donc leur croissance en combinant les rythmes des temps historiques propres et le temps de la mondialisation.

Les investissements consacrés à la production des matériels d’infrastruc- tures déclenchent un double effet mul- tiplicateur d’emplois qui touche de plus en plus les entreprises de la périphérie, puis le reste de l’économie. Pour que cet effet multiplicateur se produise, il faut absolument que la qualification des entrepreneurs et la formation technique des personnels répondent aux attentes suscitées par l’émergence de nouveaux métiers. Ceci n’exclut pas dans un premier temps, le rôle de la débrouillardise complétée par la suite par la formation professionnelle. Des sociétés comme Google ou Orange voient dans les marchés Africains des relais de crois- sance très significatifs, et ils y tirent déjà plus de 10% de leur chiffre d’af- faires d’Afrique. En 2008, Tidjane Déme a été nommé Directeur de Google pour l’Afrique francophone. Cet ingénieur polytechnicien sénégalais souhaite se consacrer à la créa- tion de contenus pertinents pour l’Afrique.

Tenant compte de cette conjonction de facteurs et de leurs influences positives sur la croissance d’une économie mondialisée, Le Président Macky SALL a fait du numérique une des première priorité du Plan Sénégal Emergent, à travers un programme spécifique: le Sénégal Numérique 2025 (SN2025). La Ministre en charge de ce secteur reviendra plus en détails dans ce prgramme qui est le focus de ce présent numéro.

Le développement et la croissance dans un pays consistent, comme le dit le célèbre économiste américain Albert Hirschman, à « naviguer par zig- zag pour atteindre le cap choisi en utilisant des vents favorables et des vents contraires ». C’est ce que le nu- mérique permet ; mais comme le précise le philosophe romain Sénèque
« il n’y a pas de vents favorables pour celui qui ne sait pas où il va ». Les Africains construiront leur propre modernité et donc leur croissance en combinant les rythmes des temps his- toriques propres et le temps de la mondialisation.

Tenant compte de cette conjonction de facteurs et de leurs influences positives sur la croissance d’une économie mondialisée, Le Président Macky SALL a fait du numérique une des première priorité du Plan Sénégal Emergent, à travers un programme spécifique : le Sénégal Numérique 2025 (SN2025). La Ministre en charge de ce secteur reviendra plus en détails dans ce programme qui est le focus de ce présent numéro.
SN2025 est l’expression d’une ambi- tion qui a pour objectif fondamental de hisser notre pays dans une position de leader dans le long terme autour d’un slogan « Le numérique pour tous et pour tous les usagers en 2025 au Sénégal avec un secteur privé dynamique et innovant dans un écosystème performant ».

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