Pr Awa Traoré Diaw (FASEG) : À jamais la première agrégée !

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Depuis novembre 2023, Pr Awa Traoré est la première femme agrégée des universités en économie à l’UCAD et au Sénégal. Avec cette réussite, Madame Diaw peut servir de modèle et d’inspiration pour d’autres femmes du milieu académique.

Madame Diaw, Pr Awa Traoré verra son nom à jamais inscrit dans les annales de l’histoire de la Faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG). Elle est la première femme agrégée de cette entité de l’Université Cheikh Anta Diop et au Sénégal, suite au dernier concours du CAMES (Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur) en novembre 2023 à Yaoundé au Caméroun. Désormais, il faut l’appeler : Professeure agrégée, Maître de Conférences Titulaire.

Cette prouesse, Pr Awa Traoré dit l’accueillir ‘’avec beaucoup d’humilité, un immense plaisir mais aussi une responsabilité’. « Je serai un exemple positif pour d’autres collègues chercheures mais aussi d’autres femmes qui aspirent atteindre des sommets académiques et professionnels », se félicite-t-elle. Cette dame vient de porter au sommet ce drapeau que la regrettée Feu Fatou Guèye Lefevre avait hissé déjà assez haut en tant que Première femme, Maître de Conférences Titulaire.

Major de sa promotion en DEA à l’Université Gaston Berger à l’UFR Sciences Economiques et de Gestion, Awa Traoré bénéficie d’une bourse de la coopération française pour aller faire sa thèse en cotutelle à Orléans en France. A son retour, elle a d’abord effectué des vacations dans certaines universités sénégalaises et instituts d’enseignement supérieur, des stages dans quelques sociétés et par la suite a travaillé pendant un an et demi à la DGPPE du Ministère des finances comme économiste du temps de feu Pierre Ndiaye, avant d’être recrutée à la FASEG en 2016.

Aujourd’hui, elle est la preuve que certaines barrières sont plus psychologiques que réelles. « L’excellence dans la recherche n’a pas de frontière de genre », conforte la responsable des programmes de recherches au Centre de Recherches Economiques Appliquées (CREA).

Toutefois, la nouvelle agrégée conçoit cette réussite comme le fruit d’un soutien institutionnel significatif (une commission mise en place par le rectorat pour appuyer les candidats, la FASEG, les collègues), familial et d’un mentorat. In fine, c’est le fruit d’un mariage équilibré entre le milieu professionnel et l’espace familial.

C’est pour cette raison d’ailleurs que Madame DIAW s’est trouvé une nouvelle vocation. Celle qui rêvait d’être avocate dans sa jeunesse va emprunter la robe noire pour plaider en faveur d’un environnement de travail plus flexible et plus équilibré au profit des femmes afin d’améliorer leur représentativité dans le milieu académique.

Cet engagement part de sa conviction qu’il suffit de continuer à explorer des solutions innovantes et à promouvoir des politiques qui favorisent cette flexibilité tout en garantissant l’excellence. « Dès qu’elles ont l’assurance sécuritaire concernant la famille, les enfants en particulier, elles sont plus productives et engagées dans le travail », martèle Awa Traoré. Selon elle, les exigences professionnelles peuvent souvent entrer en conflit avec nos responsabilités personnelles et familiales. Par exemple ; il est difficile d’avoir la concentration nécessaire pour écrire un article scientifique si on s’inquiète pour sa famille en particulier ses enfants.

Une fois cette équation levée, plus aucune excuse n’est acceptée. Et elle en est la preuve parfaite. En effet, elle a passé et préparé le concours d’agrégation avec son enfant de 7 mois. Son parcours pour devenir agrégée en économie n’a pas été sans obstacles, mais chaque défi surmonté a renforcé sa détermination à poursuivre ses objectifs.

Comment faire pour répondre à une convocation à 6h du matin pour tirer un sujet ou être présente et motivée lors des sessions préparatoires ?

Le divorce prématuré avec l’UCAD

Voilà des facteurs qui peuvent limiter l’engagement, mais que l’enseignante-chercheuse a pu surmonter en faisant preuve de témérité, de persévérance et de résilience. Par sa personne, elle prouve que la condition de femme, d’épouse ou de mère n’est pas toujours un obstacle à l’avancement professionnel. Il faut juste de l’engagement.

La bonne nouvelle est que Awa voit derrière elle un nombre important de femmes qui vont sans doute passer le concours du CAMES dans les sessions à venir. L’espoir d’avoir une masse critique de femmes agrégées est donc permis. Et pourquoi pas aller à l’assaut des postes de direction. Directeur, assesseur ou doyen ? Awa Traoré préfère répondre par un rire avant de lâcher : « l’engagement est là, la passion est là. On verra dans l’avenir ».

Une fois le bac en série S2 en poche, l’ancienne élève du lycée Cheikh Oumar Foutiyou Tall (ex-Faidherbe) est orientée en sciences physiques à l’UCAD. Mais Dakar, la capitale, n’a pas la téranga saint-louisienne ; et la nouvelle bachelière ne tardera pas à s’en rendre compte après quelques obstacles. « Ça risquait de freiner mon élan », confie-t-elle.

Heureusement pour Awa, elle a aussi été sélectionnée en sciences économiques à l’UGB. Au bout de 10 jours, elle plie bagages pour aller continuer ses études supérieures chez elle, sous l’hospitalité de Mame Coumba Bang. En fait, l’étudiante de la FST, partie en vacances de Noël, n’est jamais revenue.

Ce premier amour pour les sciences physiques va pourtant beaucoup servir l’étudiante en économie, puisqu’elle a toujours excellé en économétrie (calculs, estimations…).

Ce qui lui a permis non seulement de donner des cours déjà à l’UGB quand elle était en DEA, mais aussi d’être coordonnatrice en économétrie une fois à la Faseg. « Jusqu’à présent, je suis à l’aise en ce qui concerne l’analyse économétrique », avoue-t-elle.

La fibre économique

Pour qui connaît Awa, la voir aujourd’hui se spécialiser en économie ne doit pas être une surprise. A l’Université, sans être dans le besoin, Awa partait acheter des marchandises à Rosso Mauritanie qu’elle revendait à ses camarades étudiants. Ce qu’elle cherchait, c’était surtout de comprendre cette gestion de la clientèle. Aujourd’hui encore elle a des activités parallèles, notamment dans la couture, aidée en cela par son expérience dans le système financier qui lui a permis de maîtriser les rouages d’un bon investissement.

Saint-louisienne originaire de la Casamance, la petite Awa a fait ses études primaires à l’école élémentaire Saint Joseph de Cluny avant d’aller au collège Didier Marie. La collégienne ne respirait que par les notes. « J’étais toujours stressée, je faisais tout pour être parmi les meilleurs », se souvient-elle. En classe de seconde, elle s’est retrouvée au milieu des hommes dans ce qu’on appelait à l’époque la classe spéciale. Après la sélection en première, elle se retrouve en S2.

Il faut dire aussi qu’elle a bénéficié d’un bon encadrement grâce à un papa intellectuel épris de sciences et intéressé à la fois par la réussite spirituelle et temporelle de sa fille, une mère attentive et des frères et sœurs d’un appui inconditionnel. Comme c’est de coutume à Saint-Louis, la jeune fille sera envoyée au daraa avant d’aller à l’école française. Dès lors, elle ne cesse de tracer sa voie sur les chemins de l’excellence, même étant épouse et mère.

Avec seneweb

 

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