Contribution : Baldé, casse-tête de Macky et l’UCS, le problème de Mahmout Saleh

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SENTV  : Entre le président Macky Sall et le député-maire Abdoulaye Baldé, c’est comme un tableau du théâtre grec, avec ses scènes typiques dont la toute dernière est le dernier remaniement ministériel du 1er novembre 2020. En effet, à la veille de ce remaniement, le président Macky Sall avait longuement reçu en audience, le député-maire Abdoulaye Baldé dont l’épouse, faudrait-il encore le rappeler, est la fille aînée de Macky Gassama dont Macky Sall porte le prénom. C’est donc dire la proximité entre les deux hommes-Macky et Baldé- pour qui connaît ce que que représentent et symbolisent Macky Gassama et sa famille, pour le président Macky Sall et sa famille. Et ceci, depuis Fatick. Les deux hommes-Macky et Baldé- mais aussi leurs épouses respectives, seraient si proches et si complices que quand Macky Sall entrait pour la première fois dans un gouvernement de la République en 2001, Abdoulaye Baldé qui fut son ancien dans le gouvernement et comme disent les militaires dans l’armée, lui aurait pris sous son aile protectrice, pour le ‘’coacher’’ et l’initier aux codes républicaines, quand l’épouse d’Abdoulaye Baldé, en fera de même pour l’épouse de Macky Sall, la ‘’Soxna Marème Faye Sall Nationale’’, la première dame du Sénégal.

Baldé , le casse-tête de Macky

Le jour- j de la lecture de la liste des membres du nouveau gouvernement, à 15h, le député-maire Abdoulaye Baldé, était sur la liste et son nom y figurait comme ministre du Pétrole et des Énergies. A 16h, à la lecture du communiqué officiel portant nomination des nouveaux membres du gouvernement, le nom de Abdoulaye Baldé a sauté – pour parler comme la professeure Amsatou Sow Sidibé devant le président Wade en 2001, lors d’un débat public au palais présidentiel-. A la place de Abdoulaye Baldé comme ministre du Pétrole et des Énergies, ce fut une nomination de Mme Sophie Gladima.

Dans l’intervalle, en une heure de temps, Mamouth Saleh, épaulé par Benoit Sambou, ont fini de tellement manoeuvrer qu’ils ont mis le président Macky Sall dans un embarras digne du théâtre grec, envers un allié poids lourd (UCS) et d’une importance stratégique (Ziguinchor) et non moins ami personnel (comme un beau-frère). Et comme disent les wolofs, certaines choses, « Bu cóole ba cóol, ba nga war a àtte ñàkkal kenn, sa doomu ndey rekk nga ko sañ a def ndaxte moo mën na nànd ak muñ lu kudul sa doomu-ndey du ko nànd te du ko muñ’’.

Au fait, Abdoulaye Baldé et son parti l’UCS (Union des centristes du Sénégal), à Ziguinchor, pesaient 50% de l’électorat de la région de Ziguinchor. En 2019, à la suite de son renoncement, lui et son parti l’UCS, à se présenter comme candidat à la présidentielle de 2019 et de finalement choisir de soutenir la candidature du président Macky Sall, Abdoulaye Baldé et l’UCS ont perdu 20% de leur électorat de la région de Ziguinchor, au profit du président Ousmane Sonko de Pastef. Et comme en politique, tout leader se doit d’avoir et de consolider jour après jour sa base électorale pour ne pas dire son fief politique, Abdoulaye Baldé aurait passé presque toute l’année 2020 à Ziguinchor (5 mois d’affilé disent les ziguinchorois) pour reconquérir sa base politique, électorale et affective, dont la manifestation de cette reconquête semble être le congrès de la coordination communale de l’UCS/Ziguinchor. Et il semblerait que cette stratégie aurait payée, car les deux derniers sondages- réalisés par des américains et réalisés par la présidence de la République-, créditent un taux de 53% de l’électorat de la région de Ziguinchor, en faveur d’Abdoulaye Baldé et de son parti l’UCS.

C’est d’ailleurs, la raison pour laquelle, le président Macky Sall et son parti l’APR, après avoir combattu politiquement et à la régulière Abdoulaye Baldé et l’UCS à Ziguinchor, se sont rendus compte que ni Benoît Sambou, ni Doudou Ka, ni Angélique Manga, ni Aissatou Assome Diatta, réunis et en coalition, ne peuvent détroner Abdoulaye Baldé dans la région de Ziguinchor d’où ce dernier, de plus en plus, enfouit ses racines en devenant de plus en plus comme ‘’le baobab de Ziguinchor’’. Indéracinable et indéboulonnable. Comme un certain Robert Sagna, du temps de sa superbe et de celle du PS.

Sur le chemin de 2021, l’UCS, le problème de Mahmout Saleh

Finalement, le président Macky Sall, conscient et au fait que Abdoulaye Baldé aurait récupéré ses 25% de son électorat à Ziguinchor qui lui avaient échappé en 2019 en faveur de Sonko; et que pour et dans la région de Ziguinchor, il faut mieux avoir Abdoulaye Baldé et l’UCS avec lui que contre lui, Macky aurait décidé de signer un armistice politico-électorale avec Baldé et l’UCS. Avec à la clé, ce montage politique suivant: en tant qu’allié (l’UCS fait partie de la mouvance présidentielle), aux prochaines élections locales de mars 2021, à Abdoulaye Baldé, la Mairie de Ziguinchor et à Benoit Sambou, le Conseil régional de Ziguinchor. Et comme cela, la paix est scellée et surtout, pour contenir le président Ousmane Sonko à Ziguinchor. Et comme il fallait renforcer Abdoulaye Baldé pour mieux contenir Sonko au plan régional, le président Macky Sall a planifié l’entrée d’Abdoulaye Baldé et de l’UCS, dans le nouveau gouvernement. Et c’est là que va peser de tout son poids, Mahmout Saleh, pour faire capoter le schéma initial du président Macky Sall qui finalement va revenir sur sa décision.

En effet, Mahmout Saleh a fini de convaincre le président Macky Sall que son plus grand adversaire politique sur sa route pour 2024, est d’abord et avant tout, l’UCS et Abdoulaye Baldé. Tellement Baldé est très fort dans la région de Ziguinchor et l’UCS est un parti qui serait très structuré et très présent dans les treize autres régions du Sénégal. D’ailleurs,l’UCS et Abdoulaye Baldé, furent l’énigme du camps de la majorité avant la présidentielle de 2019, car et selon Mahmout Saleh (Conseiller politique de Macky Sall), à l’éventualité d’une candidature de Abdoulaye Baldé et de l’UCS à la présidentielle de 2019, cela réduirait les chances de la majorité, à remporter la présidentielle de 2019 dès le premier. C’est ainsi que dès 2015, l’entreprise de démantèlement de l’UCS et de l’affaiblissement de Abdoulaye Baldé à Ziguinchor, furent enclenchés. Au chapitre du démantèlement de l’UCS, Mahmout Saleh, par le biais de l’ex-PM, Abdallah Dionne, réussira à créer un clash entre Tombon Gueye, le maire de Diembéring et ex-cadre de l’UCS et très en vue en Casamance (presque le N°3 de l’UCS à l’époque, après Abdoulaye Baldé et Nicole Gackou) et Abdoulaye Baldé. Par la suite, une frange des cadres de l’UCS dans la région de Ziguinchor qui vont quitter l’UCS et Abdoulaye Baldé en 2018, à la faveur des manœuvres souterraines. Et Mahmout Saleh s’attaqua ensuite à la jeunesse de l’UCS qu’il va lui-même recevoir en audience et à l’issue de laquelle audience, une partie de cette jeunesse centriste va quitter l’UCS pour l’APR.

Ainsi, sur le chemin de 2024, Mahmout Saleh aurait convaincu le président Macky Sall que renforcer l’UCS et Abdoulaye Baldé, pourrait être pour lui le président Macky Sall, sa plus grande erreur politique et stratégique. Car, il renforcerait de fait, son potentiel adversaire à l’éventualité de la présidentielle de 2024. En fin trotskyste doué en calcul politique, Mahmout Saleh parvient à convaincre le président Macky Sall que son plus sérieux challenger sur sa route pour 2024, n’est plus, ni Idrissa Seck, ni Ousmane Sonko, quand Khalifa Sall et Karim sont déjà neutralisés, mais bel et bien Abdoulaye Baldé et l’UCS. Et le président Macky renonça de faire rentrer Abdoulaye Baldé dans son nouveau gouvernement.

Et le plus cocasse entre ces deux amis-Abdoulaye Baldé et Macky Sall- et qui relèverait même d’un tableau du théâtre grec, est le fait que de par son tempérament et de par sa personnalité, Abdoulaye Baldé serait un fidèle en amitié et quoique lui fasse son ami et frère Macky Sall, Baldé ne lui dira rien, Baldé restera stoïque et Baldé ne se rebellera pas, comme d’autres (Moustapha Diakhaté, Me Moussa Diop, Mimi…). C’est ce qui fait que Baldé est devenu un véritable casse-tête pour Macky. Car, comme disent les wolofs ’ »Koo xamul ni nga koy def, ni mu la def moo ko waral ».

Entre Macky et Baldé, c’est ce qu’on dit chez nous en milieu pulaar,‘’Ko enen ndenndi!’’, ce qui veut dire en wolof , ‘’Ñoo ko bokk!’’.

Siré SY, Fondateur du Think Tank Africa WorldWide Group

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