Chute du cartel malien : les non-dits de la saisie de 300 kg de cocaïne à Kidira

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SENTV : Cette prouesse des douanes sénégalaises a été suivie d’un exploit de la police sénégalaise : la mise à nu du réseau derrière ce trafic de drogue dure entre la Sierra Leone, les deux Guinée (Conakry et Bissau), le Mali, la Mauritanie, le Maroc et l’Europe.

La douane sénégalaise avait saisi 300 kg de cocaïne le 31 octobre dernier à Kidira (Tamba). La drogue d’une valeur de 24 milliards de francs CFA, selon les douaniers, était dissimulée dans un camion frigorifique en provenance du Mali. Le chauffeur et celui qui l’accompagnait ont été arrêtés et déférés au parquet du tribunal de Tamba.

Pour cerner les contours de cette opération qui a foiré, le procureur ordonnera l’ouverture d’une information judiciaire. Le juge d’instruction chargé du dossier saisira en ce sens l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS). En exploitant le téléphone du chauffeur du camion frigorifique, les policiers-enquêteurs établissent le lien entre le convoyeur de la cocaïne, établi au Mali, et un membre important du cartel basé à Dakar.

D’après L’Observateur, qui a percé le mystère de cette affaire, les limiers ont relevé que ce dernier a transféré au chauffeur, notamment, la géolocalisation de l’entrepôt où devaient être stockés les 300 kg de cocaïne. Quelques jours avant la saisie, souligne le journal, un homme de main du chef du cartel malien a été localisé à Dakar en compagnie de celui qui se révèlera être le logisticien de l’organisation criminelle.

13 millions pour un business fictif

L’enquête de l’Ocrtis permettra de découvrir que ce dernier se nomme Ab. T. et est domicilié Wakhinane Nimzatt (Guédiawaye). D’après les enquêteurs, «il est le soutien actif (du cartel) dans la capitale sénégalaise». Sa mission : mettre en place un réseau de stockage de drogue dure venant de Sierra Leone et des deux Guinée (Conakry et Bissau), transitant au Mali et échouant à Dakar.

L’Observateur rapporte que pour brouiller les pistes, il mettra en place un business d’exportation de sucre et d’oignon vers le Mali. Pour ce faire, le cartel lui fait un transfert de 13 millions de francs CFA.

Avec ces fonds, il loue pour 12 millions de francs CFA l’année un entrepôt au Technopole. Le projet ne verra jamais le jour. Le local devait en principe servir à entreposer la cocaïne en provenance du Mali.

Pendant six mois, l’entrepôt restera vide. Par la suite, Ab. T. le sous-loue à des opérateurs économiques indiens pour leurs activités. Mais il sera contacté par le chef du cartel pour préparer le local en vue de la livraison des 300 kg de cocaïne. Ne pouvant expulser les Indiens, le logisticien du cartel loue en urgence un autre entrepôt à 150 000 francs CFA pour 48 heures.

Prise d’otages à Bamako

La drogue n’arrivera pas à bon port. Elle sera saisie à Kidira et près d’un mois plus tard, Ab. T. est arrêté par des éléments de l’Ocrtis près de son domicile à Wakhitane Nimzatt. Les enquêteurs trouvent sur lui, notamment, un journal barrant sa Une de l’information de la saison de Kidira, trois copies de contrats de location d’entrepôt, des factures et un chéquier.

Ab. T. a d’abord tenté de nier ses liens avec le cartel malien avant de passer aux aveux. Il confesse être depuis 15 ans un proche du baron de l’organisation, qui est un Franco-Malien nommé M. Ba. Alors que l’enquête sur les 300 kg de cocaïne se poursuit, ce dernier, à la tête d’un commando lourdement armé, organise à Bamako le kidnapping d’une dizaine de membres de la famille d’une autorité malienne dont six enfants.

M. Ba réclame des informations sur la drogue saisie par les douaniers sénégalais et sur les 150 kg de cocaïne interceptés par les douanes maliennes durant la même période. À défaut, le chef du cartel réclame 900 millions de francs CFA de rançon. Les forces spéciales maliennes interviennent. Elles libèrent les otages et arrêtent M. Ba et des membres de son commando.

Parmi ces derniers, L’Observateur cite un Franco-Malien et un Franco-Sénégalais, qui ont eu à opérer dans de nombreux pays de la sous-région. Le 30 décembre, Ab. T. est conduit devant le juge d’instruction pour les agents de l’Ocrtis, qui ont repéré les ramifications entre le cartel malien et des réseaux établis en Mauritanie, au Maroc et en Europe.

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