Drame de Thiénaba : Trois axes d’enquête pour lever le voile sur la mort de quatre talibés

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SENTV : L’enquête sur la mort troublante de quatre talibés à Thiénaba (région de Thiès) prend une tournure déterminante. La gendarmerie de Kébémer, chargée du dossier, explore actuellement trois pistes majeures susceptibles de faire émerger la vérité sur cette affaire aux contours encore flous, survenue après l’ingestion présumée d’une plante toxique.

Les victimes, toutes pensionnaires d’un daara (école coranique) local, ont succombé dans des circonstances similaires : Pape Ndiassé Mbengue, Fallou Fall, Cheikh Oumar Guèye et Modou Dièye auraient consommé une plante surnommée localement mbante mare. Selon les premiers éléments de l’enquête rapportés par L’Observateur, les enfants auraient été exposés à cette substance sans surveillance adéquate.

Une première interpellation capitale

La première avancée majeure dans cette enquête est l’arrestation de M. Seck, présenté comme le suppléant du maître coranique en charge du daara. Il est poursuivi pour mise en danger de la vie d’autrui, homicide involontaire et ouverture d’un établissement sans autorisation administrative. Placé en garde à vue, il aurait admis, selon des sources proches du dossier, que la plante incriminée était utilisée dans un cadre non maîtrisé.

La prolongation de sa garde à vue témoigne de l’importance de son rôle dans la chaîne de responsabilités et laisse entrevoir de possibles suites judiciaires.

Analyses toxico-botaniques en cours

La deuxième piste repose sur l’analyse scientifique de la plante. Le Centre national d’identification criminelle (CNIC), saisi dans le cadre de l’enquête, a procédé à des prélèvements botaniques. Ces échantillons ont été envoyés à l’Institut Pasteur de Dakar afin d’en déterminer la composition chimique et la toxicité. Les premiers résultats attendus devraient permettre de savoir si l’intoxication est bien liée à cette plante et si son ingestion peut être mortelle, notamment chez des enfants en situation de vulnérabilité nutritionnelle.

Autopsies et croisement d’indices médico-légaux

Le troisième volet, médico-légal, est tout aussi crucial. Des autopsies doivent être réalisées sur les corps des quatre victimes à l’hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff. Ces examens post-mortem permettront de déterminer les causes exactes des décès, qui seront ensuite comparées aux résultats des analyses botaniques. Ce croisement d’expertises sera déterminant pour confirmer ou écarter la thèse d’une intoxication alimentaire liée à mbante mare.

Un drame révélateur d’un vide juridique et social

Au-delà de l’émotion suscitée par cette tragédie, cette affaire met une fois de plus en lumière les failles structurelles entourant certains daaras au Sénégal : absence de cadre réglementaire, encadrement approximatif, conditions de vie précaires. Si l’enquête avance à pas mesurés, la société civile réclame d’ores et déjà des réponses et des actions concrètes pour éviter de nouveaux drames.

La balle est désormais dans le camp des autorités judiciaires, qui devront trancher sur la base des faits établis et des responsabilités engagées. En attendant, la douleur des familles endeuillées reste vive, et la communauté de Thiénaba attend que justice soit faite, en toute transparence.

La rédaction de la SENTV.info 

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