Éliminatoires CAN 2021 : l’Afrique monte au créneau suite à la décision de la LFP

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SENTV : Alors que les joueurs de l’équipe de France, qui doivent jouer au Kazakhstan et en Bosnie, seront exemptés d’isolement à leur retour en Europe, les joueurs africains ont été interdits par la LFP de rejoindre leurs sélections. Une annonce qui passe très mal.

Metz, Dijon et le FC Nantes avaient annoncé la couleur. Et hier, la LFP a officialisé la nouvelle. Tous les joueurs convoqués pour des matches en dehors de la zone européenne avec leur sélection nationale durant la trêve internationale ne seront pas libérés. « En l’absence d’exonération de septaine pour les joueurs étrangers internationaux mis à disposition de leur équipe nationale et eu égard aux délais de réponse imposés par la règlementation internationale, les clubs de Ligue 1 Uber Eats et de Ligue 2 BKT ont décidé à l’unanimité ce mercredi 17 mars d’appliquer la circulaire FIFA du 5 février 2021 tenant compte des nombreuses restrictions de déplacement dans le monde. Dans ce contexte, les clubs ne mettront pas à disposition des sélections les joueurs étrangers convoqués pour des matchs hors de la zone UE/EEE durant la prochaine période internationale du mois de mars », pouvait-on lire dans le communiqué.
Une annonce qui a vivement fait réagir, notamment du côté de l’Afrique. Privés de leurs internationaux alors que doivent se jouer deux journées comptant pour les éliminatoires de la CAN 2021, les sélections africaines se retrouvent fortement pénalisées. Mais pourquoi ce coup de gueule ? Alors que l’Amérique du Sud a tout simplement reporté les rencontres comptant pour les éliminatoires du Mondial 2022, certains ne comprennent pas pourquoi une sélection comme l’équipe de France a le droit de joueur un match au Kazakhstan et en Bosnie tout en étant exemptée de septaine à son retour en zone Europe. Entraîneur du Stade Rennais, Bruno Genesio avait d’ailleurs exprimé son mal-être face à ce qui est logiquement considéré comme un manque de respect pour les équipes africaines.
Les sélectionneurs africains ne comprennent pas
« Ma position est très difficile, je trouve qu’on met à la fois les clubs et les joueurs dans des situations compliquées. Peut-être que la meilleure solution serait de reporter la journée après la trêve pour que tous les joueurs puissent partir, car je ne vois pas pourquoi les internationaux français pourraient partir en sélection et pas les Africains, je ne trouve pas ça très logique et correct ». Un avis partagé par Lamine Diatta. « Je ne comprends pas, les Français peuvent y aller, pas les Africains. Ce sont pourtant les premiers à aller chercher des joueurs en Afrique, mais les lâcher, c’est plus compliqué… Genesio a parfaitement raison », a-t-il confié à L’Équipe. Idem pour Antonio Conceição, le sélectionneur du Cameroun. «Je comprends tout à fait les clubs, ils veulent avoir leurs joueurs à disposition pour préparer leurs matches, surtout qu’on entre dans la période clé de la saison. On n’a pas fait pression sur eux, mais on demande qu’on respecte les sélections. Il y a eu de la mauvaise volonté, il y avait moyen de trouver une autre solution, on n’envoie pas un bon signal en prenant ces décisions.»
En France, l’UNFP a également tenu à interpeller l’État via un communiqué publié hier sur son site officiel. « L’UNFP partage la légitime incompréhension des footballeurs internationaux autres que français de nos différents championnats, appelés à disputer des rencontres hors de l’UE, comprend leur détresse, partage leur colère, notamment manifestée auprès d’elle par les sept joueurs lyonnais concernés, et soutient leur démarche après qu’ils se sont vus signifier l’interdiction de rejoindre leur sélection nationale à laquelle ils sont évidemment particulièrement attachés. Au regard de celles accordées par notre pays aux joueurs de l’équipe de France A et aux représentants des pays de l’UE, qui ne seront pas obligés de se soumettre à une période de « septaine » à leur retour sur le territoire national, l’UNFP insiste sur la nécessité pour l’État français d’accorder les mêmes dérogations à l’ensemble des joueurs lorsque les conditions demandées sont aussi respectées par les fédérations étrangères… Car ces décisions témoignent aujourd’hui d’une discrimination que l’État français ne peut continuer à porter et dont il doit, au contraire, se départir dans les plus brefs délais. Au-delà des valeurs d’égalité, sur lesquelles reposent les fondements même de la République, il est aussi question ici d’équité des compétitions, qui ne saurait être réglée ailleurs que sur le terrain ».
Bruno Genesio, l’UNFP, les acteurs du foot français sont pleinement mobilisés pour qu’une solution soit trouvée, afin que leurs Africains puissent rejoindre leur sélection. « En tant que joueur, tu as l’honneur de jouer pour ton pays si tu es sélectionné. Les sélections gèrent très bien les bulles. Pour le moment, on n’a pas de nouvelles, on sait si on est appelé ou non, on attend les nouvelles du gouvernement français. C’est étrange. Ce n’est pas juste. Ils doivent encore se décider. Les joueurs africains ne peuvent pas voyager. Faire des exceptions pour l’équipe de France qui joue au Kazakhstan, mais pas pour d’autres, alors qu’il y a moins de cas en Afrique qu’en France… Ça parle du manque de dialogue. C’est injuste, j’espère qu’ils prendront une décision intelligente. Cela parle un peu de discrimination, de racisme, de problème politique, je ne sais pas… Je ne suis que quelqu’un de normal, pas un politicien. La sécurité est importante. Ici, on a des masques, 2 tests PCR par semaine… Prendre une décision sans attendre, ni voir si on peut s’arranger, ça ne pas une très bonne image. Moi, je n’ai aucune nouvelle, j’espère, sinon, il y aura peut-être un problème », a surenchéri le Batave Memphis Depay ce vendredi en conférence de presse, imité quelques instants plus tard par son coach Rudi Garcia.
Une différence de traitement avec les Bleus qui agace
« On perd beaucoup en concentration, ça parle beaucoup en interne à juste titre, on est 100% derrière les joueurs, on a envie qu’ils aillent en sélection, mais si c’est pour les perdre pour la 31e journée à Lens… C’est normal qu’on pense à avoir tout le monde pour ce match de reprise. C’est un gros problème, un sentiment d’injustice. Il y a un règlement différent pour les sélections françaises et les autres. Des dérogations pour eux et pas pour les autres. Le bon sens serait de repousser la 31e journée, si la LFP pouvait repousser cette journée, il n’y aurait plus de problèmes. Si ce n’est pas le cas, la règle doit être la même pour tous. Mais il y a une incompréhension, un manque d’équité et donc sentiment d’injustice. C’est à régler rapidement pour que les joueurs se concentrent sur dimanche. »
Mais l’homme qui a été le plus virulent dans son discours est Vahid Halilhodzic, le sélectionneur du Maroc. «Cette circulaire autorise les clubs à empêcher de venir en sélection les joueurs… seulement les joueurs africains. Je suis assez dubitatif sur cette circulaire, pourquoi fait-on une différence entre les footballeurs africains et les footballeurs européens ? Cette quarantaine, c’est seulement un prétexte pour empêcher le joueur de venir jouer pour son pays. (…) La FIFA a touché un article qu’elle n’aurait jamais dû toucher, sur les relations entre les clubs et les sélections nationales. Si aujourd’hui on empêche les joueurs de venir pour ce stage, qu’en sera-t-il demain pour la CAN ? Ça ne va pas s’arrêter là… (…) Cette circulaire dit qu’elle autorise, ce n’est pas un acte juridiquement définitif. Elle « autorise » les clubs, mais personne, ni la FIFA ni un club ne peut empêcher un joueur de rejoindre son propre pays. Il ne peut pas y avoir de sanction (de la part des clubs pour les joueurs, ndlr). C’est injuste et immoral. (…) J’espère que tous mes collègues des sélections africaines vont montrer leur mécontentement total. J’appelle les joueurs africains à être sensibles à ce que j’appelle une discrimination sportive, qu’ils montrent leur solidarité et leur attachement vis-à-vis du continent africain et surtout de leur propre pays », a-t-il confié dans des propos relayés par Afrik Foot. L’État va-t-il rectifier le tir ?

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