Inondations : « un argument de taille pour surseoir à l’élection des membres du HCCT et pour supprimer le CESE »

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SENTV : La solidarité a un coût, la nation doit parfois venir au secours de l’Etat quand les moyens de ce-dernier sont insuffisants pour faire face aux défis. Le changement c’est d’abord dans la tête : il faut donner aux populations la preuve que l’Etat peut, quand c’est nécessaire, se délester de certains de ses pouvoirs et privilèges au profit de la nation.

Les Etats sont fragiles et périssables comme les civilisations, mais les nations ressuscitent toujours des décombres du passé. Nous avons survécu à l’esclavage arabe et à celui européen ; nous avons résisté à la colonisation et à d’autres brimades ; des Etats africains ont été détruits et réduits en miettes, mais nous avons survécu en tant que nation. Il s’agit aujourd’hui de compter sur le sentiment national et la fibre patriotique pour sauver nos compatriotes.

Ce n’est pas acceptable que des Dakarois (Dakar est quand-même la capitale du Sénégal) soient chassés de leurs maisons à chaque hivernage. Il faut prendre ce problème à bras le corps et le régler par des mesures fortes. Mais pour commencer, il faut poser des actes symboliques très forts. Une nation se renforce par ses symboles, par des actes héroïques, par des sacrifices. Un héros est d’abord quelqu’un qui accepte de se sacrifier pour son peuple ; un homme capable de réaliser des choses exceptionnelles.

Supprimons ces gadgets institutionnels, ça n’affectera nullement le fonctionnement normal de notre pays. Il faut arrêter ce luxe insolent dans un désert de pauvreté, car tôt ou tard, ça va péter. Fatou Diome a dit que « sous la pression, même la pierre finit par céder. Elle explose à l’improviste, crache, à la face du jour, les monstres fumants qui convulsent et agitent les profondeurs ». La colère que rumine ce peuple est une poudrière, et ce serait une illusion de croire qu’on peut le maintenir paisiblement dans cette situation en le berçant d’illusions.

On ne peut pas dissoudre un Sénat en 2012 sous prétexte de lutte contre les inondations et hésiter à dissoudre des institutions moins importantes face à des inondations encore pires. Le clientélisme politique ne peut l’emporter sur l’urgence patriotique, or les Sénégalais sont très fatigués, ils ont besoin de sentir davantage la nation. La sobriété n’est pas seulement un art de vivre pour les hommes aspirant à la sagesse, c’est également une éthique de vie pour les nations policées aspirant au bien-être. Le plus grand honneur d’un homme d’Etat n’est dans son statut et les honneurs y afférents, c’est plutôt dans sa capacité à soulager et à épanouir son peuple.

Tout le reste n’est que grandeur factice, grandeur d’établissement pour parler comme Pascal. La démocratie, c’est pour et par le peuple et non pour et par des institutions. Ce sont des hommes cultivés, éduqués et responsables qui font bien marcher les institutions. Celles-ci ne sauraient par conséquent être une fin en soi. Mieux, la démocratie elle-même n’est guère une fin en soi, c’est juste une voie présumée être la meilleure pour épanouir le peuple. Sous ce rapport, le nombre des instituions ne fait pas la santé d’une démocratie, c’est plutôt leur ancrage dans les préoccupations du peuple qui fait leur force et leur légitimité.

* Par Alassane K. KITANE

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