[Pollution et érosion à Bargny] : Plus de 70 000 vies menacées !

0

SENTV :  Un nuage grisâtre enveloppe le ciel de Bargny (ville côtière située à 35 kilomètres de Dakar), ce samedi de décembre (l’enquête a débuté en 2021) pourtant très ensoleillée. La poussière éjectée quotidiennement par la Sococim (la plus grande cimenterie de l’Afrique de l’Ouest) à des kilomètres à la ronde, a rendu l’atmosphère totalement brumeuse. « A Bargny, le ciel n’est jamais bleu », ironisent d’ailleurs les populations. Pourtant la situation qui est ainsi décrite est loin d’être drôle. Et cela, les populations qui la vivent au quotidien en sont bien conscientes.

Menacé, à l’est, par la mer qui dévore avec une voracité inouïe, chaque année deux mètres (2m) sur la berge, à l’ouest et au centre, par des industries hyper polluantes dont la Sococim, la centrale à charbon et bientôt le port minéralier de Sendou et la sidérurgie Tosyali… l’étau environnemental se resserre sur Bargny et ses 70 000 habitants.

De Castor à Wakhandé en passant par Bargny Guedj et Miname (le village de pêcheurs le plus exposé aux dangers environnementaux), jamais le risque n’a été aussi grand. Son classement, en catimini, en Zone économique spéciale (Zes) a activé le turbo d’une industrialisation effrénée qui foule au pied aussi bien les normes environnementales locales que internationales avec des émissions de particules fines et d’autres rejets chimiques qui menacent la vie de toute une population. Ceci, au vu et au su des autorités étatiques et territoriales « complices » (selon les populations) de ce «Tchernobyl» rampant.

Dans cette Série de 5 reportages, Seneweb lève le voile sur le plus grand scandale écologique passé sous silence depuis l’implantation en 1948 de la Sococim (une filiale du Groupe Vicat depuis 1999) qui, a elle-seule, brûle 250 000 tonnes de charbon pour la production annuelle de 3,5 millions de tonnes de ciment. L’augmentation de la production de la Sococim (qui devrait passer de 3,5 millions de tonnes à 7 millions de tonnes) en 2022, la reprise annoncée de la production de la centrale à charbon, la livraison et l’exploitation du port minéralier en 2022 ainsi que l’installation prochaine de la sidérurgie Tosyali, rendent le cocktail plus qu’explosif pour les populations riveraines.

Au même moment, le projet Bargny Ville Verte, initié par l’ex maire de la commune, Abou Mohamed Seck, qui a déjà reçu 1 milliard de Francs CFA de la Senelec pour reloger les 1400 détenteurs de parcelles impactées par la centrale à charbon, bat de l’aile. Depuis 4 ans, seules deux maisons F4 sur les 114 prévues pour la première phase, sont en cours de construction. Là aussi un scandale financier et foncier plombe l’air.

Enquête réalisée par Thiebeu NDIAYE, Absa HANE et Pape Sanou DIOUF

- Advertisement -

commentaires
Loading...