Réforme carcérale : Yassine Fall veut tourner la page de “l’abandon silencieux” à Rebeuss

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SENTV : C’est un tournant majeur que la ministre de la Justice, Yassine Fall, entend impulser au système carcéral sénégalais. En visite ce lundi à la prison centrale de Rebeuss, l’un des établissements les plus emblématiques et les plus surpeuplés du pays, la garde des Sceaux a dévoilé une batterie de réformes pour « humaniser » les prisons sénégalaises, jusque-là synonymes de surpopulation, de vétusté et de violations des droits fondamentaux.

Face à une presse conviée au terme de plus de trois heures d’immersion dans l’univers carcéral de Rebeuss, Yassine Fall n’a pas mâché ses mots. “La situation que nous avons trouvée ici n’est plus tenable. Il ne s’agit pas d’un luxe ou d’un confort à offrir, mais d’un impératif de justice et d’humanité”, a-t-elle martelé.

Prévue pour 800 détenus, la prison de Rebeuss héberge actuellement près de 3 740 personnes, un taux d’occupation frisant les 470 %, symptôme criant d’un système à bout de souffle. La ministre a attribué cette situation à “des décennies d’inaction et de renoncement”, rappelant qu’aucune nouvelle prison n’a été construite depuis l’indépendance du pays, malgré l’explosion de la population carcérale.

Une réforme en quatre axes

Consciente de l’ampleur du défi, Yassine Fall a détaillé un plan de réformes articulé autour de quatre priorités :

Recours élargi aux peines alternatives : pour les délits mineurs, des mesures telles que la médiation pénale, le travail d’intérêt général ou le port du bracelet électronique seront privilégiées.

Aménagement des peines : les détenus âgés, gravement malades ou proches de la fin de peine pourraient bénéficier de dispositifs d’aménagement adaptés.

Relance du chantier pénitentiaire : un nouveau plan de construction de prisons verra le jour, après l’échec du projet de centre pénitentiaire de 2 500 places, plombé par des soupçons de détournements de fonds publics.

Activation responsable des grâces présidentielles : dans un esprit de justice et non de laxisme, la ministre entend réactiver les procédures de grâce avec rigueur.

Pas de clémence pour les crimes graves

Si la ministre prône une justice plus humaine, elle a également tenu à fixer des lignes rouges. “Cette politique ne saurait être confondue avec une quelconque complaisance. Les crimes de sang, les viols, les violences graves ou encore les détournements de fonds publics ne bénéficieront d’aucune indulgence”, a-t-elle précisé, réaffirmant que la prison doit devenir un “lieu de réinsertion, pas de relégation”.

Un engagement suivi au plus haut niveau

Ces réformes s’inscrivent dans le cadre des engagements du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko, qui ont tous deux affiché leur volonté de refonder la justice sénégalaise. “Le président suit cette question de très près, car elle touche au cœur de notre démocratie et de notre État de droit”, a indiqué Yassine Fall.

Un signal fort à l’international

En affichant cette volonté de réforme, le gouvernement envoie également un message à la communauté internationale, régulièrement interpellée par les ONG de défense des droits humains sur les conditions de détention au Sénégal.

Reste à voir si ces annonces se traduiront rapidement en actes concrets. Car pour les milliers de détenus de Rebeuss et d’ailleurs, l’urgence n’est plus à démontrer.

La rédaction de la SENTV

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