SENTV : À deux semaines du dialogue national convoqué par le président Bassirou Diomaye Faye, l’Alliance Pour la République (APR) durcit le ton. Dans un communiqué rendu public à l’issue de la réunion de son Secrétariat Exécutif National (SEN) tenue ce jeudi 15 mai, le parti de l’ancien président Macky Sall a officiellement réitéré son refus de participer au dialogue prévu le 28 mai prochain, dénonçant ce qu’il qualifie de « mascarade politique ».
Selon le document, les responsables de l’APR estiment que « les conditions d’un dialogue sincère et constructif ne sont pas réunies », accusant le pouvoir actuel de manipuler le processus à des fins partisanes. Le SEN parle notamment d’un « dialogue de validation » destiné à légitimer des décisions déjà arrêtées. En toile de fond, le parti pointe « les attaques verbales » et « propos outranciers » tenus à l’endroit de l’ancien président Macky Sall et de ses proches, ainsi que le soutien supposé du Premier ministre Ousmane Sonko à un « insulteur notoire », dans un contexte de tensions accrues sur les réseaux sociaux.
Appels à la libération de figures politiques
Dans cette même déclaration, l’APR a exigé la libération de trois de ses figures emblématiques : Farba Ngom, Lat Diop et Abdoulaye Ndiaye, qu’il qualifie de « détenus politiques » et « otages d’un régime revanchard ». Ces arrestations, perçues par le parti comme une tentative de règlement de comptes, s’inscrivent selon lui dans une logique de persécution contre l’ancien pouvoir.
Le SEN a également exprimé sa solidarité envers plusieurs anciens ministres mis en cause dans des procédures judiciaires en cours, notamment Amadou Mansour Faye, Ismaïla Madior Fall, Salimata Diop Dieng, Aïssatou Sophie Gladima et Moustapha Diop, estimant que ces mises en accusation relèvent d’une « instrumentalisation de la justice » et d’un « acharnement politique ».
La Casamance, une inquiétude sécuritaire persistante
Autre point d’alerte pour le parti : la situation sécuritaire en Casamance. L’APR a dénoncé la recrudescence des attaques armées dans cette région du sud, notamment le braquage récent d’un convoi de collecteurs de noix de cajou à Boutoupa Camaracounda. L’attaque, survenue dans un contexte de tensions persistantes avec les éléments du MFDC, ravive les inquiétudes sur le retour de l’instabilité. Le parti a par ailleurs demandé au gouvernement de renforcer ses efforts pour la paix, en appelant à des actions concrètes plutôt que des « slogans politiques ».
L’inquiétude est aussi manifeste concernant le militaire sénégalais porté disparu depuis le 26 avril – présumé otage des rebelles du MFDC. Le SEN a salué les efforts de l’armée pour sa libération tout en réclamant davantage d’attention et de moyens pour pacifier définitivement la région.
Une diplomatie moins ambitieuse ?
Sur le plan international, l’APR n’a pas manqué de critiquer la faible présence du Sénégal à la conférence de l’Union africaine sur la dette tenue récemment à Lomé, rappelant l’implication historique du président Macky Sall sur cette thématique. Le parti a salué l’initiative africaine tout en regrettant que le Sénégal ait manqué cette opportunité diplomatique.
Enfin, l’APR s’est dite préoccupée par la situation des droits humains au Mali, dénonçant les restrictions à la liberté d’expression et d’association, qu’elle considère comme un frein majeur au développement démocratique et économique.
Un dialogue sous tension
Alors que le pouvoir en place appelle à un dialogue inclusif, la décision de l’APR de ne pas participer pourrait fragiliser le processus. À ce stade, d’autres partis de l’opposition, notamment le PDS, n’ont pas encore clarifié leur position. Ce climat tendu laisse présager une recomposition politique marquée par des lignes de fracture persistantes entre l’ancienne majorité et la nouvelle coalition au pouvoir.
La rédaction de la SENTV.info