Thierno Bocoum charge le Premier ministre : « Manipulation grave » de la décision du Conseil constitutionnel

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SENTV : Un nouvel épisode tendu vient alimenter le débat politique national. Dans une publication vigoureusement argumentée sur sa page Facebook officielle, Thierno Bocoum, ancien député et président du mouvement AGIR, accuse le Premier ministre Ousmane Sonko de détourner le sens d’une décision du Conseil constitutionnel concernant la controverse autour de la loi interprétative liée à l’amnistie.

La controverse porte sur le considérant 31 d’une récente décision du Conseil constitutionnel. M. Sonko, évoquant ce passage pour justifier la position du gouvernement, aurait selon lui soutenu que le Conseil aurait « simplement considéré superflu » le fondement du recours parlementaire engagé par l’opposition. Une lecture que Thierno Bocoum conteste fermement.

« En désignant le considérant 31, il offre la preuve éclatante qu’il manipule les conclusions du Conseil », écrit-il, ajoutant que ce même passage affirme que l’alinéa 2 de l’article premier de la loi viole la Constitution.

Dans le détail, le Conseil constitutionnel estime en effet que certains crimes graves, lorsqu’ils sont liés à l’exercice d’un droit démocratique ou d’une liberté publique, pourraient être inclus dans le champ d’une amnistie — un point qui soulève de sérieuses préoccupations sur la portée de la loi adoptée.

Bocoum dénonce non seulement une manœuvre politique, mais aussi une atteinte au principe fondamental de séparation des pouvoirs, accusant le Premier ministre de s’abriter derrière son statut de chef de parti pour instrumentaliser une institution indépendante.

Il va plus loin en fustigeant les propos virulents du chef du gouvernement, qui aurait qualifié l’opposition d’« indigente » et de « résidus d’opposition ». Pour l’ancien parlementaire, ces termes relèvent d’un registre inadmissible pour une autorité républicaine.

« Le chef du gouvernement devient le chef des insulteurs. Nous prenons acte. Qu’il sache que nous ne nourrirons pas sa grande distraction nationale pour échapper à ses vraies responsabilités. Aux insultes, nous préférons les idées », conclut-il.

Cette sortie musclée intervient dans un climat institutionnel déjà tendu, marqué par la suspension partielle de la loi interprétative par le Conseil constitutionnel. Cette décision a été perçue comme un véritable coup d’arrêt aux velléités législatives de la majorité, qui tente d’étendre les effets de l’amnistie votée dans le contexte post-électoral.

Alors que le gouvernement assure vouloir aller de l’avant dans un esprit de réconciliation nationale, l’opposition, elle, alerte sur les dérives potentielles de lois susceptibles de créer une impunité ciblée.

Ce bras de fer entre l’exécutif et certaines figures de l’opposition montre que le chantier de la stabilité politique et de la gouvernance démocratique reste plus que jamais d’actualité au Sénégal.

La rédaction de la SENTV.info 

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