Régulation sous tension : Amnesty alerte sur les fermetures précipitées de médias au Sénégal

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SENTV : La vague de fermetures de médias opérée par le ministère de la Communication continue de susciter de vives réactions. Dernier en date à monter au créneau, Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, qui met en garde contre une régulation « dans la précipitation », potentiellement dommageable pour l’image du pays et la vitalité démocratique.

« C’est une mauvaise image de l’État à l’international », a-t-il déclaré, fustigeant la méthode employée par les autorités pour mettre au pas certains organes de presse jugés non conformes au Code de la presse.

Une régularisation oui, mais pas au forceps

Depuis son arrivée à la tête du ministère, Alioune Sall, nouveau ministre de la Communication, a lancé un chantier de régularisation du paysage médiatique national. Objectif : faire appliquer les dispositions du Code de la presse de 2017, dont certaines sont restées lettre morte faute de mécanismes clairs de mise en œuvre.

Si l’initiative est saluée pour son ambition de remettre de l’ordre, Seydi Gassama appelle à la prudence. Pour le défenseur des droits humains, la régulation ne peut se faire sans dialogue ni accompagnement.

« On ne peut pas réguler le secteur des médias en une année. Il faut que le ministre discute avec les acteurs pour trouver les solutions appropriées », a-t-il recommandé.

Le rôle central des médias dans la démocratie

Dans un contexte post-électoral sensible, Gassama rappelle l’importance stratégique des médias dans l’équilibre démocratique et la transparence de la vie publique. « Les médias jouent un rôle central, notamment dans la surveillance des élections, la reddition des comptes, et la protection des droits », insiste-t-il.

Plutôt que d’opter pour une logique répressive, il suggère de conditionner l’aide publique à la presse à la conformité au Code, créant ainsi une incitation positive à la mise à niveau, sans pénaliser brutalement les acteurs de l’information.

Une régulation à double tranchant

Selon plusieurs observateurs, cette vague de fermetures – qui a déjà concerné plusieurs sites d’information en ligne et radios communautaires – suscite un malaise croissant. Si l’État affirme agir dans le cadre de la loi, des voix s’élèvent pour dénoncer des méthodes opaques et peu concertées, alimentant la crainte d’un musellement de la presse critique.

Pour Amnesty International Sénégal, l’enjeu est double : respecter la légalité, sans compromettre les libertés fondamentales. Une équation délicate, qui appelle à une gouvernance plus inclusive du secteur.

Une régulation à repenser collectivement

Le Code de la presse, adopté après de larges concertations, avait notamment vu Amnesty plaider pour la dépénalisation des délits de presse. Une mesure emblématique, censée protéger les journalistes contre les abus judiciaires. Mais pour que cette législation remplisse pleinement son rôle, elle doit être appliquée dans l’esprit du consensus qui l’a vu naître, et non comme un outil d’exclusion ou de sanction expéditive, avertit Gassama.

La rédaction de la SENTV.info 

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