Les derniers matchs entre le Sénégal et le Cameroun ont à chaque fois fait couler beaucoup d’encre et de salive. Ils sont serrés, pleins de suspense et basculent très souvent sur un petit détail. Le quart de finale de samedi ne devrait pas déroger à la règle. Quelle pourrait être la clé ? Réponse d’anciens « Lions » présents à Franceville. «La clé du match ? Il n’y en a pas», a d’abord répondu Moussa Sow lundi à la fin de la rencontre contre l’Algérie. L’attaquant sénégalais ajoute toutefois avant d’aller rejoindre ses coéquipiers dans le bus : «Il faut juste tout faire pour bien débuter et gagner ce match». Elle est peut-être bien là, la clé du match. Car depuis le début du tournoi, le Sénégal a construit ses victoires en première période. Face aux « Aigles » de Carthage (2-0) comme face aux « Warriors » (2-0), les « Lions » ont marqué tous leurs buts avant la demi-heure de jeu.
Lors de la première rencontre, c’est sur sa première véritable attaque, amorcée par Sadio Mané, que Cheikhou Kouyaté obtient un penalty transformé par le numéro 10 des « Lions » (12′). Avant même les 30 minutes de jeu, Kara Mbodj double la mise d’une belle tête à la réception d’un centre de Diao Baldé Keïta (28′). Quatre jours plus tard, pour décrocher sa qualification en quarts avant terme contre le Zimbabwé, les Sénégalais sont plus expéditifs. Sadio, encore lui, ouvre le score à la 10e minute et Saivet, d’un coup-franc magistral, donne le coup de massue aux « Warriors » (13′). En conférence de presse, le sélectionneur du Zimbabwe est formel: « ce sont les deux buts inscrits très tôt par le Sénégal qui ont fait la différence ». Il reconnaît que ça a cassé le moral de ses joueurs.
International sénégalais durant les années 60 et 70 et présent au Gabon pour la CAN, Salam Touré «Mame Touti» estime que bien débuter serait primordial. «Il faut bien débuter et ne pas trop attendre l’adversaire au risque de le laisser s’installer et prendre confiance. Le Sénégal doit dérouler son jeu des les premières minutes, point à la ligne», affirme-t-il. Mais au-delà, Mame Touti suggère aux joueurs «de ne pas se focaliser sur le Cameroun». «Si on veut trop s’occuper des Camerounais, de leur physique, de leur technique, de leur combativité, on risque de se perdre. Il ne faut pas se focaliser sur le nom Cameroun. »
« Ce ne sont pas les mêmes générations. Ces gosses-là ne connaissent pas les grandes générations du Cameroun donc il ne faut pas qu’ils se mettent la pression sur ce côté-là. Ils sont jeunes. Ils sont à la fleur de l’âge et ont faim. C’est à eux de confirmer leur talent», avance Salam Touré, ancien grande figure du Dial Diop Sporting Club de Dakar.
«Éviter de jouer les longs ballons»
Pour Joe Diop, membre du staff technique du Sénégal à la CAN de 1968, lui aussi invité à ce rendez-vous continental par le ministère des Sports, la clé passe par le collectif. «L’organisation et le mental seront des facteurs importants dans cette rencontre. Les gosses doivent porter les valeurs historiques de notre pays faites de résistance. La force de l’équipe sera le collectif, toujours le collectif. Il faut un bloc compact. Des joueurs qui défendent et attaquent ensemble. C’est grâce au collectif que les talents individuels pourront s’exprimer efficacement», analyse le technicien.
L’ancien capitaine des « Lion »s, Ibrahima Ndiaye «Chita», rappelle de son côté que le Cameroun a toujours été un «adversaire coriace et habitué des joutes. Même si ce n’est plus cette grande équipe du Cameroun de la fin des années 80 et 2000, ça reste un grand d’Afrique». Le manager de l’équipe nationale de Beach soccer qui vient récemment de décrocher sa 4e couronne continentale estime qu’il ne faut pas permettre aux Camerounais de prendre confiance .
«J’ai été impressionné par la hargne et la vivacité des gosses contre la Tunisie et le Zimbabwé. Et je pense qu’il faut continuer sur cette lancée. La meilleure façon de se défendre, c’est d’attaquer. Nous ne devons pas attendre les adversaires alors que devant nous avons des atouts capables de provoquer, d’éliminer et de se créer des occasions. il faudra éviter de jouer sur les longs ballons qui vont favoriser les Camerounais. Le Gabon en a usé face au Cameroun en poule et ça a fait leur affaire. Nos meilleurs atouts offensifs préfèrent le jeu au sol. Henri Saivet a fait un excellent match contre le Zimbabwe dans l’orientation et la gestion, s’il réédite sa performance, ce serait extra. Et il y a aussi Mame Biram Diouf qui fait un travail de l’ombre très productif pour l’équipe. Et enfin, il faut être vigilant à l’entrée de la surface, il y a toujours un joueur camerounais pour se mettre en position de frappe».
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